Des résidants de cette cité datant de l'époque coloniale, qui ont barré la route reliant le centre-ville à leur cité, réclament leur “tour" de relogement. “Nous attendons notre relogement depuis presque 20 ans, en vain ; la colère de nos jeunes est légitime. Au lieu de nous prendre en charge, les autorités locales relogent les habitants des bidonvilles créés il y a quelques années, parce qu'ils craignent la réaction de leurs occupants qui passent leur temps à bloquer les routes et s'accrocher avec la police. Notre cité figure pourtant parmi les plus vieux quartiers de la ville programmés pour une opération de relogement. Déjà dans les années 1970, les services techniques de l'époque ont jugé que l'endroit est inhabitable", nous a déclaré un habitant de la cité Boudrâa-Salah de Constantine. La décision de relogement des habitants des bidonvilles et des quartiers populaires de Constantine, annoncée par les autorités locales pour cette fin d'année, suscite la colère et la protestation au sein des habitants des bâtiments Boudrâa-Salah, appelés communément El-Batimate. Avant-hier, la tension palpable depuis deux jours déjà a débouché sur une émeute entre des centaines de jeunes et les forces anti-émeute dépêchées sur place. Tout avait commencé dimanche matin : des résidents de cette cité datant de l'époque coloniale et bâtie en 1958 dans le cadre du Plan de Constantine du général Charles de Gaulle, ont réclamé leur “tour" de relogement. Ils ont barré la route reliant le centre-ville à leur cité. Hier, ce sont des jeunes surexcités qui sont entré en action. Armés de gourdins et de cocktails Molotov, ils se sont accrochés aux forces de sécurité toute la journée. Ces dernières ont tout de même réussi à repousser les émeutiers à l'intérieur de la cité Boudrâa-Salah, évitant ainsi que les projectiles n'atteignent les automobilistes passant par la route nationale au niveau d'El-Menia. Hier, jusqu'à 13h, aux abords de cette cité, ces jeunes continuaient de tenir tête au forces de l'ordre, pendant que les pères de famille et les sages du quartier débattaient de la situation ; les avis étaient, certes, partagés sur la nature de la protestation, mais tous revendiquaient leur droit au relogement. “Il y a des familles de dix personnes qui habitent ici depuis l'époque coloniale dans des F1 et F 2. Ils ne réclament pas des villas ou des appartements F5, ils veulent bénéficier d'un logement social comme tous les autres quartiers et les bidonvilles", nous fait savoir un habitant. Son voisin, qui nous déconseille d'aller à la rencontre des jeunes émeutiers, nous affirme : “Des représentants de la cité ont été reçus par le chef de daïra il y a quelques semaines, il leur avait notamment promis qu'il y aura du nouveau avant la fin de l'année, mais pour le moment nous ne voyons rien venir. Nous avons contacté par téléphone le chef de daïra de Constantine pour savoir si effectivement cette cité figure parmi les quartiers concernés par les opérations de relogement, mais notre interlocuteur était à Oued Hamimime, à El-Khroub –qui pourtant ne dépend pas de la daïra de Constantine- en compagnie de la délégation qui a reçu le ministre de l'Industrie et des investisseurs américains. “Je vous rappellerai plus tard", nous a-t-il répondu. À signaler que des accrochages ont eu lieu entre des jeunes de la cité Boudrâa-Salah et des cités avoisinantes. D B.