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«Boudraa Salah», «Benboulaïd», «Djennane Ezzitoune»… des cités qui souffrent de l'exiguïté et du mal-vivre Leur construction obéissait à un plan de fragilisation de la révolution algérienne
De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les constructions résidentielles exiguës érigées durant la période coloniale ont la peau dure ! En dépit de leur état indécent qui ne répond à aucune conception, du moins en matière d'habitation, ces «HLM petit modèle» ne sont pas pour l'heure la priorité des responsables locaux en vue de trouver une issue favorable à leurs occupants. Une trace du colonialisme continue d'entacher ces cités constantinoises. A l'instar de toutes les villes résistantes d'Algérie Constantine s'est vu doter de quelques habitations épousant ce plan indélicat. Le F1 caractérise la cité populeuse nord de la ville, en l'occurrence «Boudraa Salah». C'est la troisième génération qui prend le relais dans cette cité. Les oubliés de ce plan existent encore… Faute d'un relogement adéquat ou préméditation d'occuper éternellement ce site, les habitants ont, à maintes reprises, crié leur désarroi quant à leur transfert dans des cités adéquates, en vain. C'est l'énigme qui plane sur cette cité en proie aux fléaux sociaux. Du côté des autorités locales, une suggestion du directeur du logement et des équipements publics, allait faire de ces «cages» une cité universitaire pour jeunes filles, mais le projet n'a pu voir le jour. Cette même intention nous a été réitérée cette semaine par le wali de Constantine qui détient sa propre conception quant à l'élimination de cette cité résidentielle pour en faire un projet approprié tant les aménagements apportés par le passé quant à l'extension de ces appartements n'ont pas été satisfaisants. De fait, l'OPGI, qui a procédé à plus de 294 retouches ayant débouché sur des F2, est resté confronté au même problème. Un nombre croissant de demandeurs de logements ne cesse d'être enregistré au niveau de la daïra alors que des sources officielles attestent qu'il existe des personnes qui ont bénéficié de logements mais n'ont pas quitté les lieux. Par là, on pourrait bien croire, selon des sources concordantes, que ladite cité sert de strapontin quant à l'acquisition de maisons. Pour l'heure, les pouvoirs publics couvent cette éventualité pourtant avérée. «Ce n'est qu'une question de temps. La modernisation de la ville de Constantine n'admet pas de fioritures indélicates. Pour le moment on a pu délocaliser les résidents de la cité “Le Bardo”, mais un jour l'on fera de même pour ceux de “Boudraa Salah”, des citoyens dont les conditions de vie sont déplorables», confie M. Boudiaf, sans pour autant éclairer davantage sur le mode de délocalisation de ces habitants. Toutefois, il apparaît que le récent décret du ministère de l'Habitat conforte quelque peu dans les prises de décision en matière d'assainissement des tissus urbains inesthétiques qui enlaidissent lugubrement les villes. La capitale de l'Est cumule aussi d'autres cités similaires, à l'image de «Djennane Ezzitoune» avec ses appartements plus ou moins spacieux mais qui ne conviennent qu'aux couples sans enfant… ou encore «Benboulaïd», dont la conception renvoie à l'architecture coloniale «préméditée». La problématique dans ce type d'habitations réside dans le fait que les pouvoirs publics n'y songent pas sérieusement. Le maintenir (ce type de logements) ou l'aménager tout en effaçant les esquisses coloniales destinées à y caser la population ? Le wali trouvera notre question épineuse en se contentant de répondre : «Je ne veux pas m'avancer sur le sujet. Mais il importe de certifier que la wilaya se délestera de toutes ses habitations précaires ou de celles qui qui n'offrent pas le décor allant de concert avec sa modernisation.» A peine voilé, le message indiquerait que ces cités feront l'objet d'une étude pour les réutiliser ou les éradiquer. Pour le moment on n'en est pas encore là tant les associations demeurent elles-mêmes inactives pour forcer la main aux autorités afin de prendre une décision ferme. Il est un autre son de cloche qui émane cette fois du directeur de l'OPGI : «Le devenir de ces cités demeure en suspens et ce, au niveau national. Pour notre part, nous ne sommes pas les porteurs de décisions ou de projets pour entrevoir une solution à ces cités aux logements exigus.» Le plan de cette époque-là, en dépit d'avoir été rafistolé, garde son caractère de précarité. Avec tout ce relogement et les phases de modernisation de la cité millénaire, on imagine mal comment les services compétents comptent se délester de cette «trace coloniale», un habitat «muselé» au moment où les demandes de logements datant de plus d'une décennie s'entassent au niveau de la daïra, et les bidonvilles se maintiennent en l'absence d'un recensement fiable. Constantine aura, certes, franchi un pas en matière de résorption de l'habitat précaire. Mais la réflexion portée sur son plan élaboré du temps colonial ne semble pas vraiment être à l'ordre du jour.