Résumé : Après une bonne nuit de sommeil, je me réveille en pleine forme. Youcef venait de préparer le café, et Mehdi jouait dans sa chaise. Mon mari me propose de prendre un congé pour me reposer. Je riposte que je devais parrainer l'action des femmes en difficulté. Il n'est pas convaincu. Il veut que je m'occupe un peu plus de moi-même. Il secoue la tête : -Incorrigible, tu oublies tout ce qui s'est passé hier soir. Tu as reçu des femmes en détresse et tu as totalement raté l'anniversaire de ton fils. Tu confirmes par là même que ton combat pour les droits féminins occupe tout ton esprit. C'est une sorte de dépendance, ne trouves-tu pas ? Tu deviens esclave de toi-même, de ton boulot, de toutes ces femmes qui s'amènent tous les jours, en espérant trouver du réconfort chez toi. La sonnerie de la porte d'entrée retentit. Youcef s'interrompt et se lève pour aller ouvrir. Il tendit son index vers moi tout en se dirigeant vers le couloir : -Un jour tu te réveilleras de cette torpeur, tu finiras par regarder autour de toi. Ce sera peut-être trop tard. Tes regrets t'engloutiront et tu vivras dans l'enfer du remords. Mehdi me tendit ses mains. Il avait le visage barbouillé de chocolat. J'embrasse ses menottes et passe une main caressante sur ses cheveux, avant de le prendre dans mes bras pour me diriger vers la salle de bains. La nurse qui venait d'arriver me suit : -Laissez madame, je vais lui faire prendre son bain. -Non, aujourd'hui je veux lui faire prendre son bain moi-même. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas fait. Une heure plus tard, je me retrouve chez le radiologue où je me fais prendre plusieurs clichés de mon dos, comme l'avait prescrit mon médecin. Juste après, mon enveloppe à la main, je me rendis chez ce dernier. Il prend tout son temps pour étudier les prises, puis revint vers moi : -Selon ces radios, vous n'avez rien de grave, une petite lombalgie discale tout au plus. -Mais docteur, la douleur était atroce. -Je sais, c'est dû au fait que vous travaillez trop. La position assise n'arrange pas vos vertèbres et je crois que vous abusez de l'ordinateur. -C'est un outil indispensable à mon travail. -Je comprends, nous en usons tous mais dans votre cas, je pense que la douleur a été amplifiée par votre état moral. Comme je vous l'ai déjà précisé hier soir, c'est plutôt psychosomatique. Le médecin me recommande de prendre mes médicaments régulièrement au moins pendant deux semaines. Selon lui, tout rentrera dans l'ordre dès que j'aurais consenti à prendre quelques jours de repos. Du repos ? je crois que ce n'était pas du tout le moment d'y penser. Je repense à Kenza et à Houria, aux autres femmes qui avaient besoin de moi, à la manifestation des femmes en difficultés etc. Mon portable sonne. C'était Youcef : -Alors ? Qu'as dit le médecin ? -Rien de grave, il me faut du repos. -Je te l'avais bien dit. -Youcef, tu sais bien que ce n'est pas le moment. - Tu bosses trop, arrête-toi donc pour souffler un peu. -Je te promets de prendre quelques jours de repos, et même de quitter la ville, une fois que la manifestation des femmes en difficultés aura lieu. Youcef pousse un soupir : -Je ne sais pas si tu pourras tenir le coup aussi longtemps. -Ce ne sera pas long. Dans une semaine je serais fixée. Je te promets de revoir, juste après, tout mon emploi de temps. -Combien de fois m'as-tu fais des promesses que tu n'avais jamais tenues ? Je commençais à m'impatienter : -Youcef, nous reparlerons ce soir. Je suis au volant et on m'attend à la rédaction. -Très bien, je ne t'embêterais plus mais je t'en prie, pense un peu à Mehdi qui a plus que jamais besoin de toi maintenant qu'il commence à parler. -Promis, je rentrerai tôt ce soir. (À suivre) Y. H.