Le remaniement ministériel annoncé en grande pompe n'aura finalement pas lieu cette semaine. Il est reporté à une date ultérieure. C'est ce qu'a affirmé, hier, le Premier ministre Hamadi Jebali. Selon lui, la composition de la nouvelle équipe gouvernementale sera annoncée à la fin de la semaine. Ce nouveau report, selon le Chef du gouvernement, est dû à la poursuite des consultations entamées avec les partis politiques qui ont été approchés pour rejoindre le gouvernement et la visite qu'effectue le président de la République Moncef Al-Marzouki en Arabie Saoudite, où il participe au Sommet arabe de développement économique et social. En revanche, le Premier ministre a démenti l'existence des listes qui circulent actuellement dans les médias sur la composition du nouveau gouvernement. Pour lui, elles ne sont que des fuites non-officielles. Il a, d'autre part, noté que les pourparlers avec les différents partis politiques se poursuivent encore, tout en indiquant que même les partis ayant déjà exprimé leur refus de participer au futur gouvernement, à l'instar du Parti républicain, seront consultés de nouveau. Même son de cloche chez les dirigeants du mouvement Ennahdha, pièce maîtresse de la Troïka au pouvoir. “Rien n'a été décidé jusqu'ici. Les tractations avec d'autres partis se poursuivent encore", a fait remarquer, hier, le leader du mouvement, Rached Ghannouchi. Pourtant la chaîne de télévision privée “Al-Moutawasset" qui cite une source proche du mouvement Ennahdha, a, toutefois, publié hier, la liste des ministères qui seraient concernés par le remaniement et les noms des cadres pressentis pour faire leur entrée au gouvernement. On y apprend notamment que l'actuel ministre de l'Agriculture Mohamed Ben Salem devrait occuper le poste de coordinateur général du gouvernement. Najmeddine Hamrouni est, quant à lui, pressenti pour devenir le conseiller politique auprès du Chef du gouvernement, en remplacement de Lotfi Zitoun, qui serait nommé ministre chargé des relations avec l'Assemblée nationale constituante. Selon cette même liste, Ridha Saïdi devrait remplacer Mohamed Lamine Chakhari à la tête du ministère de l'Industrie alors que le secrétaire général du Congrès pour la République (CPR), Mohamed Abbou, serait nommé ministre du Commerce. Le portefeuille de l'Environnement reviendrait à Moez Kammoun, membre du groupe “Liberté et dignité" à l'Assemblée nationale constituante (ANC). L'actuel secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des affaires européennes, Touhami Abdouli devrait, par ailleurs, occuper le poste du secrétaire d'Etat auprès du ministre des Sports. Invité sur les ondes de la radio Mosaïque FM, le ministre de la Santé publique, Abdellatif Mekki, a approuvé la liste publiée par la chaîne privée précitée. Il a confirmé que plusieurs noms cités dans cette liste devraient rejoindre le gouvernement. Le ministre qui est, par ailleurs, membre du Conseil de la choura d'Ennahdha a également reconnu que les concertations menées avec plusieurs partis n'ont pas abouti à un élargissement notable de la coalition gouvernementale. “Ces partis refusent d'intégrer le gouvernement en raison de la courte durée qui nous sépare des prochaines élections. D'autres ont posé des conditions drastiques qui sont de nature de changer la philosophie de l'exercice du pouvoir", a-t-il affirmé, tout en notant que “la Troïka au pouvoir restera unie". Jusque-là, seul le groupe “Liberté et dignité" à l'Assemblée nationale constituante a accepté de rejoindre le gouvernement. On a appris de sources sûres que le secrétaire général du Parti du travail tunisien, Ali Romdhane, a décliné le poste de ministre de la Réforme administrative qui lui a été proposé. Pour sa part, le coordinateur général de l'Alliance démocratique, Mohamed Hamdi, a déclaré lundi, que son parti a refusé les portefeuilles ministériels qui lui ont été proposés (Education, Développement régional, ndlr), arguant du fait que le remaniement ne concrétise pas l'idée d'un large consensus national. Le mouvement Wafa a, lui aussi, refusé de façon définitive d'intégrer le gouvernement en cas de remaniement ministériel, indiquant que l'offre du gouvernement est en deçà des demandes du parti qu'il représente, puisqu'elle “néglige le fond de la question politique et ne se soucie que des quotas entre les partis". I. O.