Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a pris tout le monde à contrepied hier. Lors de son intervention devant les députés, M. Jebali n'a finalement pas annoncé officiellement la nouvelle équipe de son gouvernement tant attendue depuis quelques semaines. Il s'est uniquement contenté de déclarer que les concertations sur le remaniement ministériel attendu, se poursuivent encore entre la coalition tripartite au pouvoir et les différents acteurs politiques de la Tunisie. Le Premier ministre n'a pas caché, toutefois, les difficultés que rencontre actuellement la coalition tripartite au pouvoir. Celle-ci, peine à trouver un consensus en la matière. “Dans le cas du non-aboutissement à un consensus sur le remaniement ministériel, je déposerai dans quelques jours à l'Assemblée constituante une nouvelle composition du gouvernement dans sa nouvelle version élargie afin que les députés puissent en donner la confiance", a précisé M. Jebali s'adressant aux médias tunisiens et étrangers. Le retard observé dans l'annonce du remaniement ministériel en Tunisie s'explique, toujours selon M. Jebali, par certaines divergences de vues entre les trois partis au pouvoir (Ennahdha-CPR-Ettakatol), d'un côté, et entre la coalition tripartite et d'autres partis ayant exprimé leur intention de s'intégrer au nouveau gouvernement. Ces différences, a ajouté le Premier ministre tunisien, “n'ont pas oscillé autour du simple remplacement des ministres mais plutôt sur des questions comme la neutralité des ministères de souveraineté, l'élargissement gouvernemental en plus des conditions exigées par certains partis hors coalition tripartite au pouvoir". Néanmoins, ce remaniement verra la création d'un nouveau poste, à savoir, le Coordinateur général du gouvernement dont le rôle principal sera “d'apaiser la charge gouvernementale du chef du gouvernement qui devra se préoccuper des affaires prioritaires de l'Etat", a révélé M. Jebali. Le Premier ministre tunisien a également confirmé avoir adressé aux différentes parties concernées par le remaniement ministériel des recommandations liées essentiellement à s'engager dans un dialogue nationale sur les priorités de l'actuelle étape ( parachèvement de la Constitution et accélération des préparatifs des élections), à mettre en place une feuille de route claire et un agenda politique consensuel et finalement le recours à des observateurs internationaux lors des prochaines élections. Attendu il y a quelques mois par tous les Tunisiens, le remaniement ministériel tarde encore à être annoncé à cause de certaines différences de vues entre les décideurs d'un côté et les partis de l'opposition de l'autre côté. Dans ce cas, le Premier ministre Hamadi Jebali compte présenter sa propre proposition qui devrait être marquée par l'entrée de bon nombre de technocrates non-politisés. En commémorant le premier anniversaire de l'initiative lancée par Béji Caïd Essebsi, et qui coïncidait avec le discours de Jebali à l'Assemblée nationale constituante, le président du parti de Nidaa Tounes a été virulent à l'égard du gouvernement Jebali et pour toute sa prestation durant l'année écoulée. BCE a carrément porté toute la responsabilité au parti au pouvoir Ennahdha de tous les maux qui rongent le pays. Le leader du parti Nidaa Tounes a rebondi sur le cuisant échec du parti au pouvoir d'atteindre un certain consensus, ne serait-ce qu'au sein de la Troïka qu'il a constituée, concernant un éventuel remaniement ministériel. Pour lui, cet échec est directement lié à la politique d'exclusion que continue à prôner Ennahdha. BCE a, par ailleurs, critiqué la gestion par la Troïka au pouvoir de la situation sociale dans le pays, situation qui s'est répercutée sur l' économique qui a atteint des degrés catastrophiques, en prenant l'exemple de la production de phosphate, de l'industrie hôtelière etc... Sur le plan sécuritaire, non plus, BCE n'a pas épargné ses victimes en les accusant de laxisme envers tous les débordements qui, après les personnalités du pays, ont déversé leur hargne sur le patrimoine national, le menaçant de déperdition. Pour finir, BCE réitère son offre de participer à l'effort national que demande la circonstance actuelle, dans le cadre d'une force d'union nationale sans exclusion aucune. Dans ce sens, il assure qu'Ennahdha fait désormais partie du paysage politique en Tunisie, et qu'elle se positionne en tant que force incontournable avec laquelle il faut savoir composer. I. O.