Résumé : Dalila l'encourage à s'y rendre, certaine que Semra ne sera pas découverte. Le directeur du centre, ami de son père, ne l'a pas vue depuis dix ans. Leur ressemblance allait le tromper. Elles sont très émues, au moment où elles doivent se séparer. - Vous avez fait bon voyage ? - Oui, répond Semra, surprise par l'accueil du directeur qu'elle ne s'attend pas à voir tout de suite. Aami Rabah ? - Ne me dis pas que tu ne m'as pas reconnu ! lui reproche-t-il en passant une main sur ses tempes grisonnantes. C'est vrai, j'ai un peu changé. J'ai vieilli, mes cheveux blancs ne se comptent plus ! J'ai même un début de calvitie ! Mais malgré tous ces changements, je suis resté le même ! Mais toi, tu as embelli ! Je vais devoir garder un œil sur toi ! - Papa te passe le bonjour. Il a dit qu'il t'appellera, dit Semra pour changer de sujet. Est-ce que je peux retourner auprès de mes colons ? - Oui. Mais exceptionnellement tu viendras vivre avec ma famille ! Tu auras une chambre, personne ne te dérangera ! Je tiens à ce que tu sois à l'aise ! - Non, non, s'écrie-t-elle, effrayée à l'idée d'avoir à rencontrer sa famille qu'elle est sensée connaître. Elle aurait dû penser à avoir plus de renseignements sur lui et les siens. J'ai trois colons qui se sont séparés de leur famille pour la première fois. Elles me paraissent très tendues et craintives. Si tu le permets aami Rabah, une fois qu'elles seront mieux intégrées dans le groupe et plus en confiance, je viendrai ! Mais pas avant, le prie-t-elle. Je me sens responsable de leur bien-être ! - C'est tout à ton honneur Dalila ! Je suis heureux de constater que tu te soucies toujours du bien-être de tes proches. Bon, je consens à ce que tu restes avec les monitrices ces premiers jours. Après, tu t'installes dans la chambre qu'on a aménagée pour toi. N'essaie pas de trouver des prétextes pour ne pas venir, je ne les accepterai pas, l'avertit aami Rabah, avant de lui demander : n'hésite pas à te présenter comme étant ma nièce pour avoir la paix ! Semra le remercie et s'en va rejoindre les colons arrivés en sa compagnie. D'autres groupes les ont précédés. Semra prend son sac de voyage et demande aux filles de la suivre. Une monitrice, Karima, leur sert de guide. - L'établissement qui est à ta gauche est le réfectoire. Celui de droite est le foyer. Les filles dormiront au premier étage et nous au rez-de-chaussée. - Et les garçons ? veut savoir Semra. - Ils campent à la sortie du centre, ils sont proches de la plage. Pourquoi ? - Comme ça, répond Semra. La résidence de aami Rabah est loin d'ici ? - Le directeur ? C'est un ami ou un parent ? l'interroge Karima. - Mon oncle. J'ai oublié de lui demander où ils logent ? Mais toi, tu dois savoir ? - Ils ont un pavillon, pas loin du réfectoire, lui dit-elle alors qu'elles parviennent au premier. Je vous laisse vous installer. à tout à l'heure ! Semra s'occupe des filles de son groupe. Durant le voyage jusqu'à Cherchell, elle a eu le temps de faire connaissance avec elles. Ayant entre douze et quatorze ans, le contact leur est facilité. Semra a craint d'avoir des fillettes à surveiller. Elle leur donne des conseils avant de les laisser se reposer. Elle décide d'en faire de même. Elle descend au rez-de-chaussée où les monitrices ont des chambres. Semra partagera la sienne avec Karima et Sabah. Celle-ci est venue de France avec des jeunes colons, dans l'intention de leur faire connaître le pays. Sabah, âgée de vingt-huit ans, est psychologue de formation. Elle et son frère Azzedine viennent chaque année au pays. Azzedine, un célibataire endurci, est l'administrateur du centre de formation en France. Ici, il encadre les nouveaux moniteurs. Semra doit le rencontrer à 15h. Elle a tout juste le temps de se rafraîchir et de se préparer pour ce rendez-vous. (À suivre) A. K.