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“L'homme incendié", de Mohand Amokrane Tighilt
Une plongée dans la mémoire algérienne
Publié dans Liberté le 30 - 01 - 2013

Le style de ce roman à paraître prochainement en Algérie (et disponible en vente en ligne) est assez particulier. Un travail sur la langue où la prose poétique prend le pas pour toucher ces lieux sensibles de la mémoire.
Journaliste nouvelliste, enseignant de français au CEM d'Illiltène, en haute Kabylie, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Mohand Amokrane Tighilt, vient d'éditer son premier roman, intitulé “L'homme incendié". Une parution qui inaugure une série de livres à paraître dont un récit intitulé “la Fleure de la révolte", et un conte adapté de plusieurs histoires kabyles qui porte le titre du “Le monde Magique Loundja".
Un conte adapté entre autres en pièce théâtrale et qui a obtenu le prix du jury en 2010 à Batna, lors du 1er festival du théâtre amazigh. “L'homme incendié", est, selon son auteur, “l'histoire d'un homme, Azwaw, qui s'est battu pour l'indépendance de l'Algérie, la liberté et la justice qui aurait dû suivre. Un homme qui a tout perdu dans le feu de la guerre et qui, au final, se retrouve aux prises avec le système de son propre pays, une idéologie qui l'opprime de tout ce pourquoi il s'est battu, de la liberté comme de la justice".
Un système qui s'est attaqué à l'essentiel, reniant l'histoire, la langue originelle, la culture et l'identité de l'Algérie profonde. Azwaw est, dans “l'homme incendié", représentatif de cette majorité reniée qu'incarnent les Kabyles du Djurdjura, les Chaouis des Aurès, les Mozabites du M'zab, les Touareg du Sud, Algériens, et que l'on appelle les Berbères, “Imazighenes". “Pendant de nombreuses décennies, on assiste, et cela continue, à la déformation de l'histoire, au vol de la mémoire collective, à un formatage culturel inadmissible..., au profit d'un arabo-islamisme de façade, au détriment de la diversité qui fait la richesse du patrimoine culturel algérien. Ce qui est souvent dénoncé et combattu, le cas de la révolte berbère de 1980, appelée le Printemps berbère ; le Printemps noir de 2001 qui a vu exécuter plus de 128 jeunes Kabyles et qui s'est soldé par des milliers de blessés et de handicapés", dira encore l'auteur du livre.
Un roman actuellement en vente en ligne chez “thebookédition.com" sous la proposition d'Exigence-littérature, une revue littéraire sur Internet et sera très prochainement disponible en Algérie. Le cimetière d'Azwaw est dans ce récit l'espace de la mémoire, comme son amnésie correspond à l'aliénation que l'on cultive au détriment de la réalité ; la prison est significative de l'oppression vécue au quotidien.
Dans ce roman, Houria, comme décrit par Mohand Amokrane Tighilt, “hante les pages de ce roman, tel un fantôme d'amour insaisissable, plaide pour la liberté de la femme, de la femme et de l'homme. Cet homme qui brûle et qui résiste et se bat représente l'homme authentique qui veut retrouver son visage, sa véritable identité, sa singularité, une forme d'écologie culturelle".
Le style de ce roman est assez particulier. Un travail sur la langue où la prose poétique prend le pas pour toucher ces lieux sensibles de la mémoire. “Azwaw manifeste l'âme d'un peuple et c'est avec toute cette âme qu'il s'exprime. C'est pourquoi le symbole et la métaphore s'attachent à rendre ces contrées dérobées du subconscient, de l'être fragmenté qui se recherche".
K T


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