Le célèbre journaliste, auteur d'un livre sur l'art culinaire en Méditerranée, n'a pas manqué d'être interpellé, une fois encore, jeudi à Annaba, sur ses relations avec l'ancien président Houari Boumediene et sur les relations entre l'Algérie et la France. Et c'est dans l'enceinte même de l'Institut français de Annaba, un démembrement de la diplomatie française s'il en est, que l'ancien correspondant du journal “Le Monde" à Alger a dévoilé le caractère foncièrement raciste de l'ancien président de la République française, Valéry Giscard d'Estaing. En tournée en Algérie pour présenter son ouvrage “Boire et manger en Méditerranée", un sujet au demeurant très intéressant, Paul Balta n'en a pas moins été pressé par le public annabi de sortir de “l'axe principal" de sa conférence pour aborder enfin l'actualité ou encore des aspects méconnus de l'histoire récente de l'Algérie. D'ailleurs, vu la qualité du conférencier, il ne pouvait en être autrement, car c'est précisément là qu'il y a “à boire et à manger". Devant l'insistance des intervenants, Paul Balta livrera, à sa manière aigre-douce, quelques menues “confidences" comme celle que lui avait divulguée notamment Jean-Marie Soutou, l'ancien ambassadeur de France à Alger de 1971 à 1975, décédé en 2003. Ce dernier, ancien résistant, était particulièrement embarrassé par l'attitude raciste du chef de l'Etat français qui refusait alors de parler au “bougnoule" en désignant le chef de l'Etat algérien, Houari Boumediene. Une confidence bien “indigeste" que ravalera sans peine et presque sans surprise l'assistance. Il faut dire que les “indigestions" léguées par Giscard, un fervent partisan de “l'Algérie française", sont légion. En effet, ce dernier n'a pas épargné non plus l'actuel locataire du Palais d'El-Mouradia auquel il consacre, dans le tome 2 de son ouvrage “Le Pouvoir et la vie", publié en 1991, quelques pages sulfureuses. Interrogé, en outre, sur les liens privilégiés qu'il avait noués avec le défunt président durant son séjour à Alger de 1973 à 1978, Paul Balta semble vouer à ce jour une grande admiration pour le président disparu : “Il était d'une honnêteté extraordinaire !" S'agissant de la censure de ses écrits sous son règne, Balta s'est borné à révéler que seuls les noms des opposants du régime, à l'instar de Ben Bella, était systématiquement proscrits. Et lorsque ses articles venaient à être censurés, les exemplaires saisis étaient réexpédiés, sans aucune forme de procès, aux frais du journal ! Refusant d'entendre le mot “dictateur" au sujet de Boumediene, Balta rappellera, dans le droit fil de son livre, que “ses déjeuners étaient sobres, on lui ramenait les plats des officiers de la caserne la plus proche". Balta, qui se dit “sympathisant" de la Révolution algérienne, estime que Boumediene a surtout donné une place à l'Algérie sur la scène mondiale. Enfin, pour couper court à la polémique sur le point de naître, il fera part de la rédaction en cours de ses mémoires dans lesquelles il consacre, dit-il, un chapitre entier à ses “50 heures d'entretiens" avec le président Boumediene. Bref, on l'aura compris : la salle restera sur sa “faim". Quant à l'actualité dans le monde arabe et dans le Sahel (aujourd'hui presque en feu), Paul Balta a adopté, là aussi, plutôt un profil bas, même lorsqu'il s'est agi de son Alexandrie natale, dont le cosmopolitisme est aujourd'hui “définitivement" en voie de disparition. Pas un mot, sauf un soupçon de fierté pour “le plus vieil Etat-nation", “Oum eddounya", “le pivot du monde arabe", etc. A ce sujet, il en est même venu à tordre le cou à certaines réputations surfaites comme l'origine du foie gras, une spécialité du Périgord qu'il fait remonter à... l'Egypte ancienne, inventrice, selon lui, du gavage d'oies. Citant quelques passages de son livre, l'auteur a non seulement fait saliver le public mais il a aussi flatté l'ego des Méditerranéens, fiers de la suprématie du “régime crétois", la base de leur alimentation. “Mer des miracles et des migrations, de toutes les migrations... des hommes, des plantes, des plats, des mots, des parfums, des modes. Ces modes qui expriment si merveilleusement les hasards de la vie, les humeurs d'une société, le goût du plaisir. Fruits et fleurs venus de mondes lointains se sont acclimatés si parfaitement sur ses rives qu'ils y poussent, croit-on, de toute éternité ou presque, à l'instar du figuier, de l'olivier et de la vigne !" Dans sa quête de vérité “culinaire", Paul Balta aura fait de surprenantes découvertes. Sur ce registre, son livre paru en 2004 doit contenir, à coup sûr, des “scoops" à la louche. M C L