Peine perdue pour Mohamed Benmeradi, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, qui a présenté, hier, une longue série de chiffres, lors de son intervention à l'hôtel El-Djazaïr, sans répondre, pour autant et de manière concrète, aux préoccupations de l'heure, laissant ainsi une assistance plus sceptique que jamais quant au succès de la politique menée dans ce domaine. En procédant à un bilan exhaustif de ce qui a été entrepris ou réalisé, M. Benmeradi a reconnu, en définitive, que son département n'a pas été en mesure de mettre en place une politique efficiente à même de faire de l'Algérie une destination attractive. Il en appelle, d'ailleurs, à des bureaux extérieurs à la rescousse pour établir des stratégies en ce sens. Autrement dit, le temps a fini par donner raison aux agences de voyages et autres acteurs dans le secteur à propos de la participation algérienne aux manifestations internationales tant décriée tout autant que les campagnes ou plutôt les timides initiatives sur le plan marketing. M. Benmeradi, qui n'a pas été en mesure, non plus, de révéler le taux d'investissement étranger dans le pays, a souligné, par contre et avec force, le fait que l'artisanat soit le secteur qui a enregistré le plus grand nombre d'emplois avec 106 000 postes pour la seule année 2012, soit une progression de plus de 17% et la création de 41 000 activités nouvelles et 135 milliards de valeur ajoutée au PIB. Ce secteur qui, dans le cadre du renforcement du plan de qualité, compte désormais 124 nouvelles structures d'accueil, a également bénéficié de 30% du programme livrés du dispositif “100 locaux par commune", soit 31 000 locaux au total en l'espace de deux ans depuis 2010. L'on notera aussi la mise en place du Système de production locale (SPL) dont le nombre s'élève à 21 pour 3 900 artisans et 27 associations. Les choses sont, cependant, moins reluisantes pour le secteur du tourisme qui affiche pourtant des ambitions presque démesurées, compte tenu de la politique menée qui enregistre un grand décalage entre le discours et la réalité du terrain. Aussi la situation qui prévaut dans les villes de l'extrême sud du pays vient ajouter son grain de sel à un secteur qui peine depuis plusieurs années à trouver sa vitesse de croisière. L'on bute déjà à donner des statistiques précises quant au nombre des touristes étrangers, même si le ministre parle de 680 000 pour l'année 2012 avec 240 000 de nationalités européennes. “Nous n'enregistrons aucune annulation et des groupes étrangers sont prévus pour les mois à venir", a répondu le ministre à la question de savoir si les évènements d'In Amenas n'ont pas eu de conséquences sur le tourisme saharien. Par ailleurs, le nombre de projets porté à 713 se décline en 67% d'infrastructures urbaines, 21% pour le balnéaire, 3% pour le thermal, 2% pour le climatique et 3% pour le saharien, et ce, pour un total de 82 000 lits d'ici 2015. À noter que sur les 1 136 établissements hôteliers qui existent, seulement 35% d'entre eux ont fait l'objet de classement. Le taux d'investissement global est, quant à lui, de l'ordre de 270 milliards de DA avec 80% des investissements qui reviennent aux nationaux. Mais de nombreux problèmes sont recensés avec le point culminant qui revient au foncier. Une rengaine qui revient de manière récurrente et qui ne manquera pas de constituer le point culminant des débats lors des assises prévues pour avril prochain. Une rencontre qui devra aborder aussi l'investissement, les moyens d'améliorer la qualité des prestations et le développement du tourisme local ainsi que la destination Algérie. “Des educ-tour seront bientôt organisés en faveur de certaines institutions, à l'image de la santé, l'éducation et Sonelgaz. Il faudra miser beaucoup plus sur le tourisme local", insistera le ministre, terminant sur une note optimiste pour ce qui est des nouveaux objectifs. Il s'agit de la création de nouvelles activités pour l'artisanat, de la formation améliorée et le développement de l'exportation tout en sauvegardant les activités artisanales traditionnelles. N S