Le producteur et réalisateur Mohamed Chenaf, originaire de la région de Laghouat, a sillonné les régions du sud du pays pour repérer les lieux que les pieds du héros Benacer Benchohra (1804-1884) ou “le marin du désert", avaient foulés il y a quelque 160 ans, aux fins de réaliser un documentaire avec quelques séquences en 3D, sur ce “résistant émérite". En compagnie d'une équipe technique algérienne durant le tournage, l'infatigable Mohamed Chenaf, s'est déplacé de Paris pour atterrir à Laghouat où il a passé quatre jours durant lesquels il a “déniché" deux figurants dont le célèbre Youcef Laghouati, retraité du secteur de la culture et artiste. Ensuite, il a continué son périple qui l'a mené à Ouargla, avant de joindre Touggourt et El-Oued pour les mêmes objectifs. Dans sa feuille de route, le réalisateur atterrira dans quelques jours, à Nafta, au sud-ouest de Tunisie, distante de quelque 80 kilomètres d'El-Oued. Le choix de Nafta n'est pas fortuit puisque Benacer Benchohra se réfugia à Tozeur et Nafta dans le Djérid tunisien où il a été l'hôte du chef de la zaouïa kadiriya de Sidi Brahim. Et à partir de la Tunisie, il noua des contacts avec les réfugiés algériens avec lesquels il organisait des incursions en territoire algérien contre les tribus collaboratrices avec l'ennemi et les soldats français. Contacté par “Liberté", le réalisateur nous a indiqué que le scénario a obtenu l'aval, et qu'il est en train de sillonner ces jours-ci, le grand sud du pays pour procéder “au repérage des lieux à retenir, et prendre contact avec les personnes qui auront à contribuer au film, avant de commencer le tournage prévu vers le 9 mars prochain". Il nous révèlera aussi que le documentaire sera réalisé pour le compte de la Télévision algérienne, en coproduction avec le ministère de la Culture et de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc). A écouter Mohamed Chenaf parler de Benacer Benchohra, de la bravoure de l'homme et de son courage, on peut dire qu'il le connaît comme s'il a été son compagnon dans ses voyages à travers les régions du pays, livrant bataille après bataille contre l'occupant français. Pourtant, d'une indescriptible modestie, Mohamed Chenaf avoue qu'“il ne peut prétendre avoir une connaissance complète du personnage et qu'il lui reste encore beaucoup de choses à connaître sur lui". Le projet d'un film documentaire sur Benacer Benchohra germait dans sa tête depuis plusieurs années. Il a fallu beaucoup de patience et de courage pour affronter les multiples embûches, les lenteurs et les attentes pour en arriver là. Car il y tient tellement, et surtout pour rendre justice à ce personnage hors du commun et dont l'histoire est restée méconnue voire occultée. C'est le héros d'une ville, d'un pays, un homme qui n'a jamais baissé les bras devant l'adversité, l'ennemi et des siens aussi qui ont fini par le laisser seul face à son sort. S'il y a quelqu'un à qui l'histoire n'a pas rendu justice, c'est bien Benacer Benchohra. Un meneur d'hommes de la résistance qui a duré 27 années, au sud du pays, surnommé par les forces coloniales le “marin du désert", pour son agilité, sa stratégie et ses tactiques dans la guerre des dunes sahariennes. B A