Résumé : Le temps a passé et la mère de Azzedine, el-hadja Aïcha, a tenté de le marier, lui présentant des brunes, des blondes... Elle ne perd pas espoir, mais Azzedine les trouve toutes insignifiantes. Aucune n'a grâce à ses yeux. Il ne se passe pas un jour sans qu'il ait une pensée pour “Dalila". Même si elle s'était enfuie, le seul vrai crime qu'elle a commis à ses yeux était de lui avoir permis de croire en leur amour. A des milliers de kilomètres de là, le temps avait aussi passé pour Semra et Dalila. Les deux amies étaient liées par une sincère amitié. Ensemble depuis le lycée, elles partagent des rêves et des secrets. Après avoir décroché le bac, elles se sont retrouvées toutes les deux à Alger, où elles se sont inscrites à l'université. Elles ont pris des chambres à la cité universitaire. Elles sont studieuses et elles ne ratent aucune année. Les succès les accompagnent. Peu de temps après avoir fini leurs études en économie, Semra a la chance de trouver un poste dans un lycée. Elle loue une chambre toute équipée, en plein cœur d'Alger-Centre, dans un foyer pour femmes. Elles sont nombreuses à travailler loin de leur ville ou village natals. Elle et Dalila ne se verront pas pendant quelque temps. Dalila enseigne les maths, dans le même établissement où travaille son père. Elles s'appellent souvent en fin de journée. Elles continuent à se voir durant les week-ends. Lors des déplacements à Alger, elles se rendent parfois en discothèque où elles dansent parfois jusqu'à l'aube, la veille des week-ends surtout, avant de rentrer complètement éreintées et s'affaler sur leur lit, heureuses et déchargées du stress de toute la semaine. Au village, Dalila ne pouvait pas sortir s'amuser. D'ailleurs, il n'y avait aucun lieu de détente. Il y a bien un jardin public squatté par les jeunes désœuvrés. Elle ne s'est jamais aventurée par là. D'ailleurs, au village, on craint tellement son père qu'on n'ose pas l'approcher. Depuis quelque temps, un professeur d'arabe ne cesse de la complimenter sur sa beauté lorsqu'il leur arrivait de se croiser dans la salle des profs et qu'il n'y avait pas d'oreilles indiscrètes. Dalila n'est pas insensible à son charme mais la présence de son père et des surveillants les empêchaient de passer un peu de temps ensemble. Un soir, elle appelle Semra pour la prévenir de sa visite. Elle viendra plus tôt que d'habitude. En général, lorsqu'elle se rendait chez elle, c'est en fin d'après-midi mais pour cette fois, elle veut arriver avant. - Je te rappelle que je travaille jusqu'à 16h, répond Semra. Mais je peux laisser une consigne à la propriétaire. Tu pourras récupérer la clef chez elle ! - Tu me sauves la vie ! - Tu n'exagères pas un peu, répond l'amie. Dis, tu n'aurais pas des secrets ? - Non ! Demain soir, je te raconterai !, lui promet-elle. - Dis, tu n'aurais pas un rendez-vous ?, demande Semra avant de voir clair dans ses projets. Cachotière ! - Non, je te jure. Tu sauras tout demain ! Bonne nuit.Elle pose le combiné. Elle remet le son de la télé qu'elle avait coupé lorsque le téléphone a sonné. Leur discussion lui a rappelé de doux souvenirs. Les fois où elle et Azzedine se voyaient durant les siestes des colons. Elle se souvient avoir dansé avec lui, avoir partagé ses desserts. Ils auraient dû partager tant de choses. Un soupir lui échappe. L'envie de le revoir la pousse vers l'album à photos. Elle a quelques photos prises par des colons. Elle leur avait payé celles où ils y étaient ensemble. On peut les voir sourire, s'amuser lors des soirées et s'échanger des regards. Semra a agrandi l'une d'elles. Azzedine lui parlait à l'oreille, elle ne se souvient pas de quoi mais elle remercie l'adolescent qui avait pris des photos des moniteurs et des animateurs qui étaient assis près de la piste de danse. Il y avait tant d'affection dans son sourire et tant de promesses dans son regard qu'elle ne peut s'empêcher de verser quelques larmes. Elle le regrette tant. (À suivre) A. K.