Le refoulement des eurodéputés, devant se rendre à Laayoune au Sahara occidental, par les autorités marocaines, a été perçu par le parlement européen comme une volonté du Maroc de cacher ses violations des droits de l'homme dans ce territoire que lui conteste le Front Polisario. N'y allant pas de main morte, les deux eurodéputés Daniel Cohn-Bendit (France) et Isabella Lôvin (Suède) ont vertement critiqué, jeudi à Bruxelles, la décision des autorités marocaines de les refouler de l'aéroport de Casablanca. Ils estiment que le gouvernement marocain veut cacher ses violations des droits de l'homme au Sahara occidental. Lors d'une conférence de presse, le co-président du groupe des Verts/ALE, Daniel Cohn-Bendit, a qualifié de “totalement inacceptable" la décision du gouvernement marocain de les refouler, précisant que les quatre députés voulaient “obtenir des informations de première main sur la situation sur le terrain". Il a souligné que la question du Sahara occidental “ne peut-être résolue qu'à travers un débat ouvert avec un accès direct aux faits". De son côté, l'eurodéputé Isabella Lôvin a déclaré que le régime marocain “a quelque chose à cacher, car il veut m'empêcher de rencontrer des Sahraouis". Elle a indiqué que “ce voyage a été annoncé à l'avance, mais nous avons reçu une lettre indiquant que nous n'étions pas les bienvenus qu'après notre départ". La parlementaire suédoise a ajouté que des réunions étaient prévues avec “tous les intervenants de la région, y compris des représentants des droits de l'homme et des délégués de la mission de l'ONU au Sahara occidental", soulignant que les eurodéputés avaient aussi demandé une réunion avec les autorités marocaines “afin d'avoir un programme équilibré". A signaler que la visite de la délégation européenne entrait dans le cadre de l'application de la résolution du parlement européen (PE) de janvier 2013, qui exigeait “la libération des prisonniers politiques sahraouis" et “le respect des droits de l'homme au Sahara occidental". Cette résolution a été élaborée suite aux “graves violations" des droits de l'homme, signalées par le rapporteur spécial des Nations unies pour le Sahara occidental, notamment celles relatives à la torture, ainsi que dans les rapports d'Amnesty International et d'autres organisations de défenses des droits de l'homme. Par ailleurs, des eurodéputés ont demandé jeudi d'“interdire" à l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles l'accès au parlement européen, en réaction au refoulement, la veille par les autorités marocaines, d'une délégation de parlementaires européens devant se rendre à Laayoune. Cette demande a été formulée lors d'une conférence de presse animée par les quatre eurodéputés refoulés mercredi dernier par les autorités marocaines dès leur arrivée à l'aéroport de Casablanca. Il s'agit notamment du député slovène du groupe ALDE (centre droite), Ivo Vajgl, du député du groupe socialiste européen, Vincent Ramon Gorles (Espagne) et de la Suédoise Isabella Lôvin, du groupe des Verts européens, ainsi que Mme Willy Mayer. En réponse à la déclaration de l'ambassadeur marocain à Bruxelles, dans laquelle il affirmait avoir adressé un message aux eurodéputés en partance pour Laayoune via Casablanca, les eurodéputés concernés ont indiqué qu'ils étaient déjà embarqués dans l'avion au moment où l'ambassadeur leur avait envoyé ce message. Ils ont qualifié la missive du représentant diplomatique du Maroc à Bruxelles d'“un chef-d'œuvre de mauvais comportement diplomatique", demandant à ce que “le diplomate soit interdit d'aller au parlement européen". Rappelons que la délégation refoulée est composée de quatre députés, représentant chacun un groupe parlementaire, à savoir les socialistes, la gauche unie, les libéraux et les verts, et de cinq assistants parlementaires. Les eurodéputés devaient effectuer une visite à la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) et prendre contact avec les défenseurs des droits de l'homme au Sahara occidental, en application des résolutions adoptées par le parlement européen en janvier de cette année. M T