Pour le ministre de l'Intérieur, ceux qui veulent semer les divisions entre le nord et le sud du pays sont sur une mauvaise voie. Au risque de perdre le Nord, le gouvernement se tourne vers le Sud, région marginalisée, projetée sous les feux de la rampe depuis quelque temps à la faveur de la conjonction des tensions sociales qui rongent la jeunesse dans de nombreuses wilayas et la dégradation de la situation sécuritaire aux frontières. Près de quinze jours après la sortie du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, devant les notables et les représentants de la société civile d'Illizi où il a fait état de l'existence d'un groupuscule visant “à semer la division entre le Sud et le Nord", le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a assuré, hier, à Alger, qu'“il n'existe pas de problèmes politiques dans le Sud". “Ce sont des sensibilités et non pas des problèmes politiques. Il n'y a pas de problèmes politiques dans le Sud et ceux qui veulent semer la division entre le Sud et le Nord sont sur une mauvaise voie", a-t-il affirmé en marge de la cérémonie d'installation des nouveaux walis. “Il y a un seul pays, l'Algérie. On n'oppose pas le Nord et le Sud", a-t-il déclaré, selon des propos repris par l'agence officielle. Mais ces professions de foi dissimulent difficilement les inquiétudes de l'Exécutif. Des inquiétudes exprimées déjà par certains partis politiques, à l'image du FFS et du MPA d'Amara Benyounès. Daho Ould Kablia a ainsi annoncé ce qui s'apparente à un véritable plan Marshall pour les régions du Sud. Selon la Radio nationale, Daho Ould Kablia a insisté auprès des walis à prendre à bras-le-corps la question de l'emploi. Une instruction a ainsi été donnée pour faire du recrutement de la main-d'œuvre locale au sein des sociétés qui y sont implantées, notamment Sonatrach, “une priorité". Dans ce cadre, une convention est envisagée entre le ministère de l'Intérieur et celui de l'Energie pour la formation de la ressource humaine. Autre instruction : tout recrutement doit passer par l'agence de l'emploi, faute de quoi, il serait nul et non avenu, a assuré Ould Kablia, précisant que “tout responsable ou entreprise qui enfreignent cette instruction s'exposeront à des sanctions". Comme Sellal avant lui, Ould Kablia a plaidé la promotion d'autres activités comme l'agriculture, la microentreprise et l'artisanat, créneaux qui pourraient être de grands pourvoyeurs d'emplois. Histoire de démentir l'existence de quelques “rancœurs" chez les laissés-pour-compte des wilayas du Sud, le ministre soutient qu'“au cours de nos dernières réunions, nous avons observé l'engagement des populations et des notables du Sud pour confirmer leur reconnaissance vis-à-vis de l'Etat et l'engagement à défendre les objectifs du gouvernement au profit de cette région". Il rappelle les efforts du gouvernement pour le développement de cette région : 495 milliards de dinars depuis 2000, plusieurs projets structurants alors que d'autres projets comme la création de nouvelles agglomérations (entre In Salah et Tam, entre Illizi et Djanet, entre Reggane et Adrar, entre Tindouf et Béchar) sont envisagés. Mais cette sortie d'Ould Kablia, à quelques jours d'une grande marche à laquelle a appelé la commission de défense des droits des chômeurs à Ouargla, est loin d'être fortuite. “Je dois aussi ajouter que ce qu'a fait pour cette région (sud du pays) Abdelmalek Sellal, depuis sa prise de fonctions en tant que Premier ministre, est digne d'être reconnu et souligné. M. Sellal était à l'origine de très nombreux projets nouveaux et complémentaires." “C'est le Premier ministre qui a demandé à promouvoir le dialogue avec les autorités locales. Il n'y a aucune confusion ou malentendu à ce propos." On le comprend, Ould Kablia répond à ceux qui demandent la tête de Sellal, une des revendications de la marche de... jeudi. K K