Le procès en appel d'El Khalifa Bank, même s'il ne promettait pas davantage de révélations par rapport à celui tenu en première instance en 2007 pouvait donner un aperçu sur le traitement que réserverait la justice à moult autres dossiers de corruption en phase d'instruction. Le procès en appel d'El Khalifa Bank s'est ouvert hier matin à la cour de Blida avant d'être reporté en milieu d'après-midi à une autre session judiciaire dont l'échéance n'a pas été précisée par le président de l'audience, Antar Menouar. Selon une source judiciaire, proche du dossier, ce renvoi était prévu trois jours avant la date du procès. On comptait s'appuyer sur une éventuelle requête de la défense pour justifier cet ajournement qui répond, soutient notre interlocuteur à des calculs purement politiques. En haut lieu, on n'a estimé que la conjoncture, marquée par une série de révélations sur des affaires de corruption impliquant des cadres de haut niveau, n'est pas favorable au lancement d'un tel procès dont la tournure pourrait exacerber les tensions. Et comme les avocats n'ont introduit aucune demande d'ajournement, le président de l'audience a motivé sa décision par l'absence de certains prévenus et témoins et des cas litigieux posant un problème de procédures. En sus de ceux dont la défection reste inexpliquée, deux prévenus ont transmis par le biais de leur défense un certificat de maladie. Deux autres ont présenté un arrêt rectificatif émanant de la Cour suprême les ajoutant sur la liste des pourvois en cassation acceptés par cette instance, alors qu'ils ne figuraient pas initialement sur la listes des accusés appelés à être rejugés. Parmi les prétextes avancés par la cour de Blida pour justifier ce report, figurent également le non-versement au dossier du certificat de décès des accusés Djamel Zerrouk, l'ex-directeur financier de Khalifa Airways et Ahmed Barbara, ancien directeur adjoint de la Mutuelle des travailleurs du secteur de la poste et des télécommunications. Certes, un procès peut légalement être reporté pour absence de prévenus ou pour convenance du président de l'audience, seulement ces arguments n'ont pas convaincus la pléiade d'avocats constitués dans cette affaire. D'ailleurs, Me Miloud Brahimi n'a pas manqué de faire remarquer au magistrat qu'il a “tout le pouvoir en sa qualité de président de l'audience de faire le nécessaire rapidement pour se rapprocher des familles et avoir les certificats de décès", sans nécessairement ajourner le procès. En effet, le procès en appel d'El Khalifa Bank, même s'il ne promettait pas davantage de révélations par rapport à celui tenu en première instance en 2007, surtout en l'absence du premier concerné Moumen Khelifa, objet d'une procédure d'extradition en instance, de la Grande-Bretagne, sa tournure pouvait donner un aperçu sur le traitement que réserverait la justice aux moult autres dossiers de corruption en phase d'instruction, à l'instar de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest ou Sonatrach. D'ailleurs, les traitements de faveur ont commencé avant même la constitution du tribunal criminel. À l'exception du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, aucun haut responsable concerné par cette affaire, en sa qualité de témoin, n'a fait le déplacement, hier, à la cour de Blida. Pas moins de 300 témoins devraient se présenter à la barre, dont plusieurs ministres, en l'occurrence Mourad Medelci (Affaires étrangères), Karim Djoudi (Finances) et l'ex-ministre du Travail Abou Djerra Soltani. À cette liste s'ajoute le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, et bien d'autres hauts cadres de l'Etat. Etaient présents en revanche, des figures du monde sportif, comme le président du club JSK, Mohand-Chérif Hannachi, Saïd Allik, ex-président de l'USM Alger et le footballeur Lakhdar Belloumi. Si bien que le président de l'audience, Antar Menouar, a jugé opportun de s'expliquer : “L'absence des hauts responsables de l'Etat ne pose pas problème. Nous les ferons venir en fonction de la programmation de leur audition", dit-il, avant même que la défense aborde cet aspect. Interrogé sur la question, Me Méziane Ali soutient que la règle veut que “les témoins soient présents et mis en isolement pour qu'ils ne communiquent pas entre eux. Mais leur nombre, qui est une particularité de ce procès, veut qu'ils soient convoqués au fur à mesure". Il faut savoir qu'un important dispositif de sécurité a été mis en place aux alentours de la cour de Blida très tôt le matin. La salle d'audience a été équipée d'un écran géant et de hauts-parleurs qui n'ont pas été utilisés durant la séance d'hier qui s'est déroulée dans une totale cacophonie. N H