“Il n'y a aucun doute que les actions françaises au Mali ont pressé le ballon en direction de l'Algérie et la Libye". Le quotidien britannique “The Guardian" est ferme, citant des sources diplomatiques occidentales : l'instabilité en Libye a été exacerbée par la guerre menée par la France au Mali. Selon Londres, des groupes djihadistes expulsés de Tombouctou se sont déplacés vers le Nord, traversant le Sahara à travers l'Algérie et le Niger pour se rendre en Libye. Plusieurs ministères, ainsi que le siège de la Télévision nationale libyenne, ont été cernés ou victimes d'actes de sabotage par des hommes armés. Dernière attaque : le siège du ministère des Affaires étrangères. Une trentaine de véhicules, dont plusieurs armés de canons anti-aériens, ainsi que des dizaines d'hommes armés encerclaient le bâtiment hier matin, réclamant l'épuration du département ministériel des responsables et ambassadeurs ayant servi sous Kadhafi. Le gouvernement libyen accuse les milices de vouloir déstabiliser le pays et terroriser les étrangers et leurs représentations diplomatiques et économiques. En examen par le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique de Libye, la loi sur l'exclusion politique qui vise à mettre sur la touche plusieurs hauts responsables, a provoqué des remous dans le pays et au sein de sa classe politique. D'ailleurs, même les membres du CGN n'ont pas échappé aux manifestants qui réclament l'adoption rapide de la loi. Après la levée du siège, le cortège du président du Congrès, Mohamed al-Megaryef avait été la cible de tirs, sans faire de victimes. Le Premier ministre a appelé ses concitoyens “à faire face" à cette offensive de milices qui a touché plusieurs autres ministères, y compris celui stratégique de l'Intérieur, ainsi que le siège de la Télévision nationale, qui ont fait l'objet d'actes de sabotages. Les interventions des milices compliquent un peu plus le travail du gouvernement, qui peine à imposer son autorité. Dix-huit mois après son arrivée aux commandes du pays, le nouveau pouvoir est mal en point dans un pays où d'importantes quantités d'armes sont en circulation et où les milices armées, issues de la révolution, agissent souvent à leur guise. Le 8 avril, Ali Zeidan, le Premier ministre reconnaissait publiquement que la Libye traversait “une période de vulnérabilité". En effet, jusqu'à ces offensives contre les institutions, la capitale, Tripoli, était relativement épargnée par l'instabilité mais l'attentat à la bombe commis contre l'ambassade de France, il y a une semaine, semble avoir marqué un tournant. Une situation conséquente à la désorganisation des forces de sécurité, armée et police, et qui risque de s'aggraver avec l'arrivée de djihadistes chassés par les forces spéciales françaises de l'Adrar des Ifoghas, la zone du nord du Mali frontalière de l'Algérie et du Niger où était maître durant une décennie Aqmi, la franchise maghrébine d'Al-Qaïda qui a favorisé la création à ses côtés du Mujao et d'Ansar Dine. D B Nom Adresse email