Un bras de fer est engagé entre des milices armées et les autorités de l'Etat libyen qui pourraient recourir à la force pour rétablir l'ordre, particulièrement suite au deuxième siège mardi par des hommes armés du ministère libyen de la Justice. Cette aggravation de la situation sécuritaire du pays et la fronde des miliciens vis à vis des autorités a débuté dimanche lorsque le ministère des Affaires étrangères a été encerclé par des hommes lourdement armés. D'autres ministères seraient dans la ligne de mire de ces miliciens, qui, officiellement, veulent, à tout prix, faire voter par le Congrès général national (CGN) le projet de loi relatif à l'exclusion politique des anciens collaborateurs de l'ancien régime libyen. Actuellement examiné par le CGN, plus haute autorité politique de l'Etat Libyen, le projet de loi mettra à l'écart tous les hauts responsables du pays. Face à de nombreuses milices armées, les autorités libyennes peinent à asseoir leur influence et leur pouvoir dans le pays. Dimanche, le Premier ministre libyen Ali Zeidan avait déploré le siège du ministère des Affaires étrangères et dénoncé également des "actes de sabotage" ayant visé le ministère de l'Intérieur et la télévision nationale" à Tripoli. Il avait annoncé qu'il serait possible de recourir à la force pour pousser ces groupes armés à mettre un terme à ce siège qui, a-t-il dit, "porte atteinte à la souveraineté nationale". M. Zeidan avait appelé la population à appuyer le gouvernement dans sa lutte contre les groupes armés "qui veulent déstabiliser le pays", précisant que son gouvernement ne voulait "pas entrer en confrontation avec quiconque". Les nombreuses milices armées font vaciller l'autorité de l'Etat libyen qui peine à construire ses institutions. Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, qui s'était exprimé à la suite de l'attentat qui a visé récemment l'ambassade de France à Tripoli, a estimé qu'il visait à "nuire aux relations bilatérales" entre la France et la Libye", tout en spéculant sur les auteurs de cet acte inqualifiable accusant les partisans de l'ancien régime qui auraient "noué des liens avec des groupes terroristes comme Al-Qaïda pour déstabiliser la Libye". La situation sécuritaire s'est dégradée à un point tel qu'un festival de cinéma organisé à Tripoli par l'Union européenne a été suspendu. En effet, les lieux où se déroulait l'événement avaient été évacués après une alerte à la bombe. Le festival de trois jours avait été organisé par l'UE en partenariat avec l'Institut culturel italien à Tripoli et une ONG libyenne. L'alerte à la bombe qui a amené à surseoir à l'événement cinématographique intervenait trois jours après l'attentat à la bombe qui avait frappé l'ambassade de France à Tripoli blessant deux gendarmes dont l'un grièvement et causant de très importants dégâts matériels.