Comme il le fait partout ailleurs dans le monde au travers la Fondation, Pierre Bergé s'attellera ce mercredi à Oran à faire revivre et faire découvrir le talent d'Yves Saint Laurent. Le prochain temps fort de l'Institut français, l'événement artistique et culturel de ce mois va se tenir du 11 au 18 mai avec “les Journées de la mode", qui associeront à cette occasion l'hôtel Le Méridien, TV5, et réuniront des créateurs et stylistes algériens et français. Mais pour cette année, ce rendez-vous de la créativité aura un cachet plus que particulier et qui ne pouvait se tenir qu'à Oran. Et pour cause, une rencontre aussi improbable va avoir lieu autour de l'évocation d'Yves Saint Laurent, le grand couturier qui “a libéré les femmes", natif d'Oran. La ville qui la vu naître en 1936 pourra découvrir le parcours et l'œuvre exceptionnel de ce créateur qui a révolutionné la mode, la couture, au travers une conférence, une exposition de photos et d'un documentaire projeté à cette occasion. Quand Yves Saint Laurent quitte l'Algérie, il est âgé de 17 ans, et ce départ ne sera jamais suivi d'un retour, mais les couleurs, les images de cette ville natale resteront telle une empreinte dans sa mémoire de “l'enfant protégé" qu'il était à cette époque. Qui d'autre mieux placé que Pierre Bergé pour venir à Oran, parler et évoquer “ce petit garçon oranais qui s'intéressait à la mode", retracer sa carrière exceptionnelle et l'empreinte indélébile qu'il a laissée derrière lui dans le monde entier. Avant sa venue pour la première fois en Algérie pour y donner une conférence et retourner sur les premiers pas d'Yves Saint Laurent, Pierre Bergé a accepté de s'entretenir par téléphone avec quelques journalistes d'Oran et dire son état d'esprit à la veille de sa venue. “C'est un sentiment de grande curiosité, je suis très heureux de venir voir la ville d'Oran, sa maison, son collège... Je suis très ému à cette idée", dira-t-il d'emblée. Si les premières années d'existence d'Yves Saint Laurent à Oran n'ont pas influencé directement ses créations plus tard, il n'en demeure pas moins que le souvenir de sa ville natale était présent, comme l'a encore expliqué Pierre Bergé. “Il parlait beaucoup d'Oran. Il a été très marqué par son enfance, et je ramènerai des maquettes de vêtements qu'il a faits justement... Vous savez, il n'est jamais revenu dans sa ville, il n'a jamais été invité et il n'y avait plus d'attache. C'est un rendez-vous manqué avec Oran, mais je suis persuadé qu'il aurait été très heureux d'être là, il serait venu j'en suis sûr." Pour Pierre Bergé, qui est resté toute sa vie aux côtés du couturier qui a “révolutionné la mode", en s'installant à Marrakech à la villa Oasis (Le jardin Majorelle), ce sont les couleurs, les images et le ciel d'Oran que voulait retrouver Yves Saint Laurent. A la question de savoir pourquoi ne pas créer une “Maison Saint Laurent dans sa ville natale", Pierre Bergé, qui préside la Fondation du nom du couturier, dit “pourquoi pas". Il faudrait juste un geste, une demande des autorités locales et algériennes pour faire mûrir un tel projet. Pour ce qui est de la création, de la mode, notre interlocuteur estime que s'il pouvait y avoir “une autre révolution dans la mode", cela pourrait venir d'un continent comme l'Afrique où “il y a un réservoir très important de talents dans l'art, dans la mode et qui seront importants". D. L Nom Adresse email