Inhumé samedi dernier à Annaba, Salah Mechentel fut notamment l'enseignant de Houari Boumediene et d'Ali Kafi... Né le 6 décembre 1928 à Tiffech, dans la wilaya de Souk-Ahras, Salah Mechentel est issu de la tribu berbère des Hanenchas à laquelle appartiendrait, dit-on, le grand philosophe algérien, Saint-Augustin. Après des études prestigieuses en Tunisie, à l'école Seddikia où il obtient son baccalauréat, à El-Khaldounia et à la célèbre université d'El-Zitouna, dont il sort diplômé, Salah Mechentel se vouera, dans un premier temps, à l'enseignement de la langue arabe. Salah Mechentel commencera à enseigner dès 1949 à l'école d'El-Kettania à Constantnine où il avait eu pour “illustres" élèves, deux futurs chefs de l'Etat algérien en l'occurrence Houari Boumediene et Ali Kafi. Mechentel terminera ensuite son cursus à la faculté des lettres d'Alger qu'il quitte en 1952. Au déclenchement de la Révolution qu'il rejoint en 1955, il sera affublé du nom de guerre de Baba Salah. Mechentel prendra part, ainsi, à plusieurs batailles dont la plus importante celle de Oued Chouk, près de Souk-Ahras où le 4e bataillon de l'ALN fut quasiment décimé. À la base de l'Est, Salah Mechentel sera un intellectuel respecté par ses compagnons d'armes à l'instar des colonels Aouachria, Tahar Z'biri ou encore Amara Bouglez Laskri. En 1957, il lance dans le maquis une publication clandestine, un bulletin d'information au nom évocateur d'El-Djebel. Il réussira à sortir quatre numéros dont l'un s'en fera écho la BBC, la célèbre radio britannique qui en citera même quelques extraits. Une véritable gageure à l'époque. À l'Indépendance, Salah Mechentel sera enseignant pendant quelque temps au lycée Saint-Augustin de Annaba avant d'occuper enfin plusieurs postes de responsabilité dont notamment celui de directeur général du musée national d'El Moudjahid et de président de la commission nationale pour l'écriture de l'histoire. Il exercera notamment les fonctions de chef de daïra durant une vingtaine d'années avant d'être “débarqué" en 1984 de son dernier poste qui fut à Bordj Menaïel. Il y a lieu de noter que la famille Mechentel a donné à la Révolution plusieurs martyrs tombés parfois bien loin de la région natale de Souk-Ahras comme dans les massifs du Ouarsenis, de la Kabylie, des Aurès, et ce, jusqu'au mont Chenoua dans la wilaya de Tipasa où, à ce jour, une rue et un stade portent à Bou-Ismaïl le nom de la famille Mechentel (Ali et Boubakeur). De même qu'il y a lieu de rappeler qu'à la suite des évènements du 8 Mai 1945 auxquels le défunt avait participé à Souk-Ahras, à l'âge de 17 ans, plusieurs membres de sa famille furent déportés et emprisonnés notamment à M'sila, à Djenane Bourezg, à Oran ou encore à Serkadji. Dans les années 1970, Mechentel avait écrit un roman À l'ombre des fusils que des éditeurs égyptiens voulaient publier mais que l'auteur a finalement refusé son édition. Salah Mechentel était père de dix enfants dont notamment la journaliste et écrivaine, Leïla Marouane. Il repose aujourd'hui, à jamais, au cimetière de Sidi-Harb, à Annaba, aux côtés de son épouse, la moudjahida Mechentel Abla, surnommée au maquis Jeanne d'Arc, pour son jeune âge. M C L Nom Adresse email