Le Makhzen n'apprécie guère la visite de trois jours à Washington du chef du Front Polisario, à l'initiative, semble-t-il, du Centre Robert-Kennedy des droits de l'homme et de l'élue démocrate de la Chambre des représentants, Betty McCallum. Le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a entamé, mercredi, une visite de trois jours dans la capitale fédérale américaine afin d'obtenir davantage de soutien à la cause du peuple sahraoui, d'où l'inquiétude de Rabat de revivre un scénario similaire à celui d'avril dernier, lorsque les Etats-Unis avaient présenté un projet de résolution élargissant la mission de la Minurso aux droits de l'homme, avant de la retirer à la dernière minute. A Washington, le président sahraoui a rencontré des membres du Congrès ainsi que des responsables de l'Administration américaine, d'institutions et de think tanks pour discuter de la question du Sahara occidental occupé. Il s'est entretenu avec le sénateur républicain James Inhofe (Oklahoma) et l'élue démocrate de la Chambre des représentants, Betty McCullum (Minnesota), qui sont parmi les membres du Congrès les plus engagés en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Avec d'autres élus du Congrès américain, M. Inhofe et Mme McCullum ont souvent interpellé le gouvernement américain pour attirer son attention sur la question des droits de l'homme des Sahraouis et affirmer que la question du Sahara occidental ne peut être réglée qu'à travers un référendum d'autodétermination. A l'issue de son entretien avec le Président sahraoui, Mme McCullum, qui a estimé que s'était un honneur pour elle de rencontrer M. Abdelaziz, a affirmé que "le peuple sahraoui a le droit à l'autodétermination pour sa patrie, le Sahara occidental". "Je vais continuer à travailler pour m'assurer que les Etats-Unis feront tout leur possible pour protéger les droits démocratiques et les droits de l'homme des Sahraouis", a-t-elle ajouté. Le président Abdelaziz a insisté, de son côté, sur "les responsabilités que doivent assumer les Nations unies pour accélérer le processus de décolonisation au Sahara occidental et permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance à travers un référendum libre, juste et régulier". Evoquant l'initiative américaine sur les droits de l'homme au Sahara occidental, le président Abdelaziz a réitéré son appel en faveur de "l'élargissement rapide des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) à la surveillance des droits de l'homme et la protection des civils sahraouis contre la répression des autorités marocaines". Cette nouvelle offensive diplomatique du Polisario aux Etats-Unis ne laisse pas de marbre Rabat, qui réactivera sans aucun doute ses lobbies américains pour la contrer. Pour le Maroc, le programme du voyage américain du secrétaire général du Front Polisario a été préparé en coordination avec la présidente du Centre Robert-Kennedy, Mme Kennedy, connue pour son fort engagement pour la défense de la cause sahraouie. Ses solides réseaux au sein du parti démocrate lui ont permis de donner une grande dimension à son action. A signaler que le séjour du chef du Polisario à Washington intervient vingt-quatre heures seulement après que douze membres du Congrès américain eurent terminé une visite dans les camps de Tindouf. Le fait que Kerry Kennedy peut faire gagner davantage d'appui au Front Polisario à Washington, et au sein de l'administration de Barack Obama, inquiète sérieusement Rabat. M T Nom Adresse email