Idriss Déby Itno tire la sonnette d'alarme sur la situation prévalant en Libye, qu'il estime "au bord de l'explosion". Aussi, il s'inquiète de la prolifération des groupes terroristes et des risques induits sur les pays du Sahel. "La Libye est au bord de l'explosion. Je n'ai pas du tout la solution, mais on ne peut pas regarder cette situation, la laisser évoluer et nous exploser à la figure. La communauté internationale doit aider les autorités légitimes de la Libye", a affirmé, hier, dans un entretien au journal français Le Figaro, Idriss Déby. C'est le constat alarmant auquel a abouti le président tchadien, qui n'a pas hésité à ajouter que la Libye risque de "nous exploser à la figure" en étant la base de "tous les islamistes radicaux" dans la région du Sahel. Remontant les faits, il a donné son point de vue sur la situation dans ce pays en indiquant : "Je crois que la situation actuelle au Sahel ne doit pas être une surprise pour qui que ce soit. Dès le départ de la guerre en Libye, nous savions que les conséquences seraient dramatiques pour les pays voisins, mais aussi pour la Libye elle-même. Nos craintes étaient tirées de notre connaissance des hommes, de la culture, de l'organisation sociale de ce pays. C'est pour cela que j'avais demandé, en son temps, une formule qui puisse permettre de faire partir Kadhafi tout en permettant aux Libyens de se réconcilier et de mettre en place des institutions. Cela a été pris pour le plaidoyer d'un ami de Kadhafi. Mais je savais les conséquences de cette guerre. Personne ne s'est préparé. Sans doute de bonne foi, même la France pensait qu'après Kadhafi, la Libye allait avoir un régime démocratique et organisé. C'était vraiment méconnaître la société libyenne. Le Mali a été le premier pays touché par les problèmes libyens, mais il ne faut pas se leurrer, nous, les pays du Sahel, nous allons tous être touchés. Le Mali et le Niger hier ; demain, cela va être le Tchad. Et aucun de nos pays ne peut s'en sortir seul face à cette armada." Poursuivant dans cet ordre d'idées, le chef de l'Etat tchadien souligne que "tous les islamistes radicaux sont aujourd'hui en Libye", et insiste sur le fait que les liens de ces groupes avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ne font "pas de doute". Idriss Déby a également déclaré : "Hier, ils n'avaient pas de terrain ; aujourd'hui, ils en ont un : c'est la Libye tout entière. Hier, ils n'avaient pas d'armes, maintenant ils les ont toutes. Ils n'ont même pas besoin de fabriquer des trucs artisanaux. Hier, ils se cachaient. Aujourd'hui, ils s'affichent et disent qu'ils imposeront la charia en Afrique. La Libye est évidemment dans la tourmente, mais nous sommes tous exposés ; nous avons tous nos faiblesses. Les djihadistes, je le confirme, sont en mesure de refaire ce qu'ils ont fait au Mali. Peut-être pas de la même manière, ils vont certainement changer de stratégie. Ils ont des camps d'entraînement dans le djebel Akhdar et des brigades qui se constituent à Benghazi, Tripoli, à Sebha, au vu et au su de tout le monde. La situation évolue de la façon la plus négative possible pour la Libye, mais aussi pour nous." Selon lui, "la communauté internationale doit se réveiller pour sauver la Libye, sinon tout ce que nous avons fait au Mali ne servira à rien", car, explique-t-il, "la situation évolue de la façon la plus négative possible pour la Libye mais aussi pour nous". Très pessimiste, le président tchadien dira : "Malheureusement, à l'horizon, je ne vois pas dans les trois ou quatre années à venir une Libye stabilisée, à moins d'un miracle (...) Le terrorisme peut frapper quand il veut, même au Tchad." M T Nom Adresse email