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La brique nazie
Publié dans Liberté le 16 - 06 - 2013

Les vestiges d'un passé douloureux peuvent parfois surgir dans d'étranges circonstances
Nous sommes au début des années 90, dans une ferme de l'intérieur de Sao Paulo. Tatao et son employé Aparecido essaient de contenir des porcs survoltés. Les animaux se livrent une bataille si violente que le mur cède en partie pour laisser place à un trou béant. Sur le sol de la porcherie à moitié détruite gisent des briques à l'aspect inhabituel.
Le fermier Tatao en saisit une et souffle un grand coup pour ôter la poussière. Au centre d'un losange creusé dans la brique est gravé un symbole chargé d'histoire. Celui de l'Allemagne Nazie.
À partir de ce moment débute la lente reconstitution d'une histoire enfouie dans la mémoire collective.
Le fil qui mènera le fermier de l'intérieur de Sao Paulo au chercheur prendra plusieurs années.
En 1998, Sidney Aguilar Filho donne un cours d'histoire sur la Seconde Guerre mondiale lorsqu'il est interpellé par une élève dénommée Suzane. Celle-ci reconnaît la croix gammée dont lui avait parlé son beau père : Tatão.
Le lien est établi, l'historien demandera des preuves qui lui seront fournies le lendemain. Ce sera le début de longues et scrupuleuses recherches qui aboutiront à la publication d'une thèse en 2011 intitulée : Education, autoritarisme et eugénisme : exploitation du travail et violence contre l'enfance désemparée au Brésil (1930-1940).
Grâce au fermier Tatao et à l'historien Sidney Aguilar Filho, la brique gravée d'un svastika révélera des secrets bien gardés.
L'histoire débute en 1933. Deux hommes se présentent dans un orphelinat de la capitale de l'époque, Rio de Janeiro et se rendent directement dans la cour du centre éducatif Romao de Mattos Duarte pour rencontrer les enfants. L'un des deux hommes jette des balles dans la cour, et laisse les enfants courir pour les rattraper.
Osvaldo Rocha Miranda légèrement en retrait, regarde attentivement la scène avant d'ordonner à son chauffeur, André, de sélectionner des enfants selon des critères bien précis.
50 orphelins parmi les plus agiles, dont 48 noirs ou « mulâtres », âgés de 9 à 11 ans, seront isolés durant huit jours puis transférés sur ordre judiciaire de Rio de Janeiro à une ferme de l'intérieur de l'Etat de Sao Paulo. Avec la promesse d'avoir une vie meilleure.
Osvaldo Rocha Miranda, le propriétaire de la ferme, est issu d'une famille riche et puissante. Son côté rigide trahit à peine une sympathie pour l'ordre et la discipline.
Avec ses frères qui occupent les propriétés voisines, il partage un « idéal » très en vogue outre-Atlantique. La purification par le travail, un des principes de l'eugénisme.
Les Miranda ont également en commun une adhésion au mouvement d'inspiration fasciste, l'Action intégraliste brésilienne.
Les orphelins à qui l'on avait promis une vie meilleure découvriront dès leur arrivée à la ferme un univers spartiate.
Les conditions de travail étaient épouvantables, les garçons vivaient dans un système comparable à de l'esclavage. Ils ne percevaient pas de salaire, étaient soumis à des châtiments corporels. Travaillaient dans les champs avec les adultes. Etudiaient peu, n'avaient pas de noms, mais portaient des numéros. Et restaient sous la surveillance constante d'un contremaître.
Alice Melo, une journaliste de Revista de Historia, qui a réalisé un documentaire sur les survivants de la ferme, raconte que les enfants évoluaient dans une symbolique fasciste. Toutes les structures de la ferme avaient des briques marquées par une croix gammée. Les orphelins portaient l'uniforme vert intégraliste en fin de semaine, avec sur le brassard et le chapeau, l'emblème du mouvement, la lettre grecque « sigma ». Les habitants de la ferme étaient également obligés de crier « Anauê », une formule tropicale du salut fasciste.
Les orphelins ne vivaient pas dans l'illégalité, le camp de travail recevait la visite des autorités. Les thèses intégralistes étaient défendues par une partie de l'élite locale. Même la Constitution brésilienne de 1934, élaborée durant le gouvernement Getulio Vargas, dans son article 138 disait qu'il « incombait à l'Union, aux Etats et aux Municipalités de stimuler l'éducation eugéniste ».
Le survivant Aloisio Silva, 89 ans, le numéro 23 durant sa période de captivité, se souvient. « Il n'y avait que des châtiments. Nous travaillions jusqu'à faire saigner nos mains. À tel point que nous ne pouvions plus écrire le lendemain à l'école ». Leur seul désir était de fuir. « Mais il y avait ce tuteur avec ces deux chiens dressés. Il suffisait de nous pointer du doigt pour qu'ils nous encerclent. »
Un autre rescapé, Argemiro Dos Santos, 90 ans, alerte et encore valide, aura plus de chance que ses compagnons d'infortune, à 13 ans il réussira à s'échapper. Il servira la marine durant la Seconde Guerre mondiale et sera successivement, cireur de chaussures, mendiant, footballeur et joueur de trompette.
Le calvaire de ces orphelins a cessé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Certains sont morts durant le travail forcé, d'autres ont été envoyés à la guerre, les plus chanceux se sont enfuis.
Aloisio Silva, a compris que pour trouver la paix il faut essayer de taire la douleur : « Vous savez quoi... je ne suis ni triste, ni heureux. Pour moi, cet endroit n'a jamais existé ».
M C
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