Comme annoncé la veille, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani a confirmé hier matin dans une allocution officielle son abdication au profit de son fils, cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, en attendant si le transfert du pouvoir sera réel, ou s'il s'agit d'une simple mise en scène. Les Qataris ont été invités hier à faire allégeance au nouvel émir du pays, qui succède à son père. Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani a annoncé hier dans un discours vouloir passer le flambeau à la nouvelle génération. Arrivé au pouvoir en 1995 par une révolution de palais, l'émir sortant du Qatar donne l'impression de vouloir marquer les esprits à travers son geste, qui est une première au Qatar et dans l'histoire récente du monde arabe, où aucun souverain n'a jamais renoncé au pouvoir de son plein gré. Mais d'aucuns s'accordent à dire que cette abdication ne devrait pas avoir d'incidence sur la politique générale du Qatar, proche allié des Etats-Unis dont il abrite une importante base militaire, mais qui soutient également les islamistes parvenus au pouvoir à la faveur du Printemps arabe. En effet, des doutes subsistent sur ce transfert de pouvoir, qui pourrait n'être en fin de compte qu'une simple mise en scène, et cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani restera dans l'ombre pour tirer les ficelles. La passation de pouvoir pourrait être accompagnée d'un important remaniement ministériel qui verrait le départ du puissant Premier ministre cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, qui occupe ce poste depuis 2007. Il est également ministre des Affaires étrangères et a joué à ce titre un rôle central dans l'appui aux soulèvements arabes, qui se poursuit aujourd'hui avec un soutien sans faille à la rébellion syrienne. Mais "dans un premier temps, il ne faut pas s'attendre à des changements spectaculaires dans les orientations du Qatar", estime l'analyste Olivier Da Lage. Ceci étant, dans un discours télévisé adressé à la nation, il a affirmé que "le temps est venu d'ouvrir un nouveau chapitre" et de "confier les responsabilités à la nouvelle génération". "Je m'adresse aujourd'hui à vous pour annoncer que je remets le pouvoir à cheikh Tamim ben Hamad Al Thani. (...) Je suis convaincu que pour Tamim l'intérêt du pays et la prospérité de son peuple seront des priorités", a annoncé l'émir. Pour rappel, cheikh Hamad avait déposé son père, cheikh Khalifa, le 27 juin 1995, lors d'une révolution de palais, héritant d'un petit émirat quasiment inconnu dont les caisses étaient presque vides. Né en 1952, il souffrirait de problèmes rénaux, selon des sources politiques, mais il semblait en bonne santé lorsqu'il a accueilli ce week-end le président français François Hollande. Il a pu, en 18 ans, faire du Qatar l'un des pays les plus riches du monde, avec un PIB par habitant de 98 000 euros en 2011, selon la Banque mondiale, et un acteur incontournable dans toutes les crises dans la région. Le nouvel émir, âgé de 33 ans, sera le plus jeune souverain d'une monarchie du Golfe. Nommé prince héritier il y a dix ans, cheikh Tamim, quatrième fils de l'émir, a progressivement conforté son autorité au cours des dernières années, en prenant la gestion de dossiers sensibles de politique étrangère et intérieure. Cheikh Tamim était commandant en chef adjoint des forces armées, et son père lui avait confié, au cours des trois dernières années, la gestion de l'armée et de la sécurité, selon une source diplomatique occidentale. Cheikh Tamim "a d'excellentes relations avec l'Occident, notamment avec les Etats-Unis et la France", selon une source diplomatique occidentale. Outre les notables qataris formant une longue file pour saluer l'ancien et le nouveau souverains, la télévision a montré l'influent prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, éminence grise des Frères musulmans, embrassant le nouvel émir. M T Nom Adresse email