Présentée comme un moyen de retour au calme au Mali, l'élection présidentielle, programmée le 28 juillet prochain sur insistance de la France, est néanmoins appréhendée, voire même contestée par des personnalités politiques maliennes, qui estiment que les conditions ne sont pas encore réunies. Encore sous le choc d'une guerre contre les terroristes gagnée grâce aux armées étrangères et de 18 mois de crise politique, le Mali s'apprête à tenir une élection présidentielle le 28 juillet prochain très attendue. Près de 7 millions de Maliens sont appelés à élire leur nouveau président. Ce scrutin, dont l'objectif est de ramener paix et stabilité, est toutefois contesté. Beaucoup estiment que les conditions sont loin d'être réunies. Les déclarations du général Grégoire de Saint-Quentin, chargé de la direction des forces spéciales françaises, après avoir mené l'opération Serval au Mali, indiquant que le Mali n'est pas "complètement stabilisé", viennent conforter les plus sceptiques. "Le territoire malien est grand comme plus de deux fois la France. Pour ses deux tiers, il a été pendant un an sous la coupe des groupes terroristes qui ont mis à bas toutes les structures administratives et sécuritaires, comme la gendarmerie et la Garde nationale. L'armée malienne a été défaite et ses matériels ont été détruits. Il faut du temps pour reconstruire tout cela dans un pays aussi vaste", a affirmé le général. Il a également ajouté : "Le Mali est-il aujourd'hui complètement stabilisé ? La réponse est non. Nous ne pouvons pas parler de victoire militaire au sens où vous évoqueriez celle de 1945 sur l'Allemagne. Mais nous sommes dans une dynamique de succès militaires répétés que beaucoup auraient estimés inespérés il y a six mois." Les violences de jeudi et vendredi derniers qui ont fait quatre morts à Kidal et les enlèvements samedi d'agents électoraux et d'un élu plus au Nord, à Tessalit, donnent du grain à moudre à ceux qui ont appelé à un report de ce scrutin. Il n'en demeure pas moins que le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont prévenu d'avance que cette élection présidentielle dont le premier tour aura lieu dimanche prochain, serait "imparfaite", mais qu'il faudrait néanmoins en "accepter" les résultats. La tenue de cette élection est prévue pour mettre fin à la plus grave crise de l'histoire récente du pays. Cet avis est loin d'être partagé par les analystes, dont Gilles Yabi et un des 28 présidentiables, Tiébilé Dramé, qui a décidé de retirer sa candidature, qui ont vainement demandé le report d'un scrutin "bâclé" et dont les résultats risquent d'être "contestés". ICG a listé fin juin les obstacles au bon déroulement du scrutin : la distribution à temps de nouvelles cartes à 6,9 millions d'électeurs, le redéploiement inachevé de l'administration centrale dans le Nord et l'absence de retour chez eux de 500 000 réfugiés et déplacés ayant fui le conflit et dont la plupart risquent de ne pas pouvoir voter. Pour rappel, Tiébilé Dramé, artisan d'un accord de paix signé en juin à Ouagadougou avec la rébellion touareg, s'est retiré parce que, selon lui, "les conditions d'une élection régulière ne sont pas réunies". Il a mis en avant le cas de Kidal où le scrutin est préparé "à la hâte" par le gouverneur, rentré dans sa région il y a moins d'une semaine. Il s'est aussi montré très critique à l'égard de la France qui a exercé une forte pression pour que la présidentielle ait lieu en juillet. Dès avril, le président français, François Hollande, avait dit qu'il serait "intraitable" sur le respect d'un calendrier qu'il a lui-même fixé. "Nous sommes reconnaissants à la France pour ce qu'elle a fait pour nous, mais on peut aider un pays à se libérer sans toucher à sa dignité", a affirmé Tiébilé Dramé. M T Nom Adresse email