Peu après la rupture de jeûne, l'avenue principale de Sersouf, quartier populeux de la ville de Tamanrasset, connaît une affluence particulière, montrant la propagation de la fièvre acheteuse qui s'empare pratiquement de toute la société targuie. Les familles tamanrasseties, prises par le désir des emplettes ou par ce que l'on peut qualifier de folie acheteuse, se ruent dans les boutiques de prêt-à-porter et les magasins d'habillement dans le but d'acheter des vêtements sans parfois en avoir besoin. Ce phénomène n'est pas nouveau puisqu'il s'est érigé ces dernières années en tradition perpétuée à chaque occasion de fête. à quelques jours seulement de l'Aïd, les magasins et les échoppes de marques et d'habillement de luxe sont pris d'assaut. Les boutiques bien achalandées affichent des prix élevés, et même trop pour les parents à maigre bourse et qui sont, de surcroît, excédés par les lourdes dépenses durant tout le mois de Ramadhan. Toutefois, ces facteurs ne semblent nullement les dissuader de s'offrir le luxe, rien que pour satisfaire leur progéniture. "En plus du manque du choix et de la qualité, les prix affichés sont excessivement élevés. Il faut penser aux parents défavorisés ou encore à ceux qui ont plus trois enfants à charge. Les prix ne les arrangent guère", souffle une mère, qui dit avoir fait le tour de la ville sans parvenir à trouver une belle robe qui pourrait seoir à sa fille de 18 mois. Pour nombre de parents, l'achat de vêtements neufs est devenu une corvée inévitable. "Les enfants capricieux ne peuvent pas comprendre dans quelle situation financière se trouvent leurs parents. L'essentiel pour eux est d'enfiler de nouveaux atours pour se pavaner le jour de l'Aïd, peu importe le coût ou encore les moyens par lesquels ils sont acquis", lâche un fonctionnaire, père de trois enfants. "Une paire de chaussures pour bébé coûte plus de 700 DA, tandis que les petites robes sont cédées entre 2 000 et 2 500 DA. Je ne vois donc pas comment un simple fonctionnaire qui touche moins de 18 000 DA pourrait s'en sortir", ajoute notre interlocuteur, faisant remarquer que depuis la destruction du marché de l'Assihar par les flammes, les prix ont presque doublé. "Fort heureusement, la foire (l'Assihar, ndlr) est ouverte avant l'Aïd. C'est vrai qu'il y a un manque de choix par rapport aux goûts des mômes de cette nouvelle génération, mais les prix sont abordables. Les stands ne désemplissent point. Il faut jouer des coudes pour réussir à passer la commande au vendeur", a-t-il souligné. R. K. Nom Adresse email