Objet d'une terrible campagne occidentale l'accusant d'avoir fait usage d'armes chimiques dans la guerre qu'elle livre aux rebelles depuis deux années, Damas a autorisé hier les inspecteurs de l'ONU à enquêter. Si les capitales occidentales semblent convaincues que le régime de Bachar al-Assad est responsable de l'attaque présumée aux armes chimiques menée mercredi dernier dans la région de Damas, c'est loin d'être le cas pour la Russie et l'Iran, qui n'ont pas hésité à mettre en garde contre une intervention militaire dans ce pays. Il faut croire que la chose est prise au sérieux par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui sont allés jusqu'à examiner des options militaires contre le régime. En effet, le secrétaire d'Etat US à la Défense, Chuck Hagel, a déclaré hier que les forces américaines étaient prêtes à agir contre le régime syrien si nécessaire. "Nous avons préparé toutes les options (si M. Obama) décidait de choisir l'une d'elles", a-t-il affirmé. De son côté, et de façon exceptionnelle, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a téléphoné pour sa part jeudi à son homologue syrien Walid Mouallem pour lui signifier que "si le régime syrien n'avait rien à cacher, il aurait dû autoriser un accès immédiat et sans entrave au site". C'est ce qu'a révélé samedi soir un responsable du département d'Etat, qui a ajouté qu'au lieu de cela, le régime "a continué d'attaquer la région affectée" pour en "bloquer l'accès et détruire les preuves", a accusé John Kerry. Entre-temps, le président américain Barack Obama, et le Premier ministre britannique, David Cameron, se sont entretenus au téléphone samedi et ont exprimé "leur profonde préoccupation (...) devant des signes de plus en plus importants (indiquant) qu'une attaque significative aux armes chimiques avait été menée par le régime syrien", a expliqué Downing Street. "L'utilisation significative d'armes chimiques mériterait une réponse sérieuse de la communauté internationale", a estimé Londres. Le président français, François Hollande, a ainsi estimé hier qu'il y avait "un faisceau d'évidences", indiquant que l'attaque du 21 août était "de nature chimique" et que "tout conduisait à considérer" que le régime en était "responsable". Lui emboîtant le pas, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a également jugé qu'"on ne comprendrait pas qu'à partir du moment où les faits sont établis, il n'y ait pas une réaction forte de la communauté internationale". Toute cette frénésie occidentale est balayée par l'Iran, fidèle allié du régime syrien, qui a une nouvelle fois mis en garde les Etats-Unis, avertissant qu'ils auraient à subir de "dures conséquences" en cas d'intervention militaire. Même son de cloche du côté de Moscou, un influent député russe a déclaré hier que les Etats-Unis se rapprochent d'une "guerre illégitime" en Syrie qui ferait du président Barack Obama un nouveau George W. Bush. "De manière inéluctable, Obama se rapproche d'une guerre en Syrie, exactement comme Bush l'avait fait en Irak" en 2003, a dit le président de la Commission des affaires internationales de la Chambre des députés Alexei Pushkov sur Twitter. "Cette guerre ne sera pas légitime et Obama sera le clone de Bush", a-t-il ajouté. La Russie demeure le principal soutien international du président Al-Assad depuis le début de la rébellion en mars 2011 et a qualifié d'"inacceptable" les appels à l'usage de la force contre le régime syrien. Moscou a également mis en doute les accusations de l'opposition syrienne selon lesquelles l'armée syrienne a utilisé des armes chimiques qui auraient fait plus de 1 000 morts. Pendant ce temps, le régime de Damas a martelé samedi n'avoir "jamais utilisé d'armes chimiques". Médecins sans frontières a fait état samedi du décès de 355 patients "présentant des symptômes neurotoxiques" dans la région de Damas depuis mercredi, mais a précisé ne pas pouvoir "confirmer scientifiquement la cause de ces symptômes ni établir la responsabilité de cette attaque". Dernier rebondissement, le régime syrien a donné hier son accord aux inspecteurs de l'ONU pour enquêter "immédiatement" sur les allégations d'usage d'armes chimiques près de Damas, selon un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères. "Un accord a été conclu aujourd'hui à Damas entre le gouvernement syrien et les Nations unies durant la visite de la haute représentante de l'ONU pour le désarmement, Angela Kane, pour permettre à l'équipe des Nations unies, dirigée par le professeur Aake Sellström, d'enquêter sur les allégations d'usage d'armes chimiques dans la province de Damas", a indiqué le ministère. Cet accord "entre en vigueur immédiatement", a-t-il précisé. M T Nom Adresse email