L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui s'appuie sur un réseau de sources médicales et de militants anti-régime a de son côté comptabilisé plus de 300 morts par gaz toxique depuis mercredi, dont des dizaines de rebelles. Régime et rebelles se sont accusés mutuellement samedi d'avoir recours à des armes chimiques dans le conflit en Syrie, où l'organisation Médecins sans frontières a fait état de la mort de 355 patients «présentant des symptômes neurotoxiques», tandis que les Occidentaux accentuaient la pression sur Damas. Washington et Londres sont convenus que la Syrie avait probablement perpétré une attaque aux armes chimiques contre son peuple mercredi, et ont examiné des options militaires contre le régime syrien. Pour faire monter la pression, un responsable du département d'Etat a révélé samedi que le secrétaire d'Etat John Kerry avait exceptionnellement téléphoné, jeudi, à son homologue syrien Walid al-Moualem pour lui signifier que «si le régime syrien n'avait rien à cacher, il aurait dû autoriser un accès immédiat et sans entrave au site» de l'attaque présumée. Alors que l'opposition a accusé le pouvoir d'avoir eu recours à des gaz toxiques lors d'attaques dans la région de Damas mercredi, MSF a fait état de la mort de 355 patients «présentant des symptômes neurotoxiques» dans ce secteur, mais a précisé ne pas pouvoir «confirmer scientifiquement la cause de ces symptômes ni établir la responsabilité de cette attaque». «Trois hôpitaux situés dans le gouvernorat de Damas et soutenus par Médecins sans frontières ont reçu, en moins de trois heures le mercredi matin 21 août, environ 3 600 patients présentant des symptômes neurotoxiques. 355 d'entre eux sont morts», a affirmé MSF dans un communiqué. Les équipes de MSF n'ont pas pu se rendre sur place, mais elles sont en contact avec le personnel médical de ces hôpitaux. Cependant le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, a démenti vigoureusement les accusations de l'opposition, affirmant que son régime n'avait «jamais utilisé d'armes chimiques». Le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé samedi le Premier ministre britannique David Cameron pour discuter des «possibles réponses de la communauté internationale à l'utilisation présumée d'armes chimiques en Syrie», a indiqué la Maison Blanche. Ils ont exprimé «leur profonde préoccupation (...) devant des signes de plus en plus importants (indiquant) qu'une attaque significative aux armes chimiques avait été menée par le régime syrien contre son propre peuple», selon Downing Street. La communauté internationale fait pression pour que les experts de l'ONU, arrivés en Syrie le 18 août pour enquêter sur d'autres allégations d'utilisation d'armes chimiques plus tôt cette année, puissent se rendre rapidement sur place. La haute représentante de l'ONU pour le désarmement, Angela Kane, est arrivée samedi à la mi-journée à Damas pour négocier l'autorisation du régime. Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie syrienne Walid al-Moualem a assuré à son homologue iranien que son gouvernement allait coopérer avec la mission des Nations unies et lui permettre de visiter les zones où, selon lui, les rebelles ont utilisé des armes chimiques. Si les Etats-Unis restent prudents sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par le régime, la France s'est, elle, montrée très affirmative. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a ainsi assuré que «toutes les informations» convergaient pour dire que le régime était responsable de l'attaque chimique de mercredi, soulignant que «ce massacre chimique est d'une telle gravité» qu'il «ne pourra pas rester sans réaction forte». Le président américain, sous pression pour agir, a de son côté réuni son équipe de sécurité. Alors que M. Obama a mis en garde contre toute nouvelle opération militaire au Moyen-Orient, les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de moyens militaires dans la région permettant de fournir des «options» à M. Obama s'il ordonnait une intervention en Syrie. Dans le camp opposé, après la Russie, l'autre allié du président Bachar al-Assad, l'Iran, a mis en garde contre une «intervention militaire» étrangère en Syrie, accusant lui aussi les rebelles d'avoir eu recours à des armes chimiques mercredi près de Damas. Cette intervention est déclenchée par une révolte populaire en mars 2011 qui s'est militarisée face à la répression du régime, selon l'ONU.