Moscou et Pékin ont frappé sur la table et menacé de tout leur poids pour que l'ONU recouvre ses prérogatives dans la crise syrienne. Le Parlement britannique a rejeté l'idée d'une intervention militaire contre la Syrie. à Washington, Obama a mis de l'eau dans son vin : il a laissé tomber l'idée d'une action unilatérale. Son opinion lui a rafraîchi sa mémoire défaillante, rappelant les fiascos afghan et irakien. En France, le va-t-en-guerre Hollande s'est plié devant le recul de Cameron et la volte-face du locataire de la Maison-Blanche. Damas a promis de se défendre contre toute agression. Le Conseil de sécurité bloque le projet d'invasion militaire. Les manifestants britanniques ont convaincu la Chambre des communes de refuser l'engagement militaire des conservateurs au pouvoir en Syrie. David Cameron a immédiatement indiqué qu'il prenait note du niet des députés. Le Conseil de sécurité de l'ONU a lui aussi rejeté l'intervention militaire programmée par Washington, Londres et Paris. Une réunion d'à peine 45 minutes entre les cinq membres permanents (états-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France disposant tous d'un droit de veto) pour s'achever sans progrès apparents. Elle s'était tenue jeudi soir à la demande de la Russie, alliée de la Syrie et donc farouchement opposée à toute action militaire. Apparemment, Moscou et Pékin ont frappé sur la table et menacé de tout leur poids pour que l'ONU recouvre ses prérogatives dans la crise syrienne, d'autant que son initiative, même si elle est dans l'impasse, n'a pas été invalidée. Ce n'est pas pour rien si le SG de l'ONU a rappelé certaines vérités aux va-t-en-guerre, leur demandant d'épuiser d'abord toutes les voies diplomatiques. évidemment, le président américains, dont la VIe flotte patrouille en Méditerranée orientale, dit qu'il n'a pas encore pris de décision sur une éventuelle intervention et continue d'évaluer les options. Mais il reste qu'il a reculé et qu'il doit attendre le rapport des inspecteurs des Nations unies qui achèvent leurs investigations près de Damas sur l'attaque chimique du 21 août qui a fait des centaines de morts, aujourd'hui. Ce que l'on sait est qu'ils ont recueilli "quantité" d'éléments. Les échantillons recueillis seront transmis à des laboratoires en Europe, conformément à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, et ces analyses pourraient prendre des semaines, selon un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq. Quoi qu'il en soit, un feu vert du Conseil de sécurité pour l'usage de la force en Syrie est hautement improbable, compte tenu de l'opposition de la Russie et de la Chine. La France, qui nourrit toujours l'espoir de s'inviter en Syrie, comme Nicolas Sarkozy l'avait fait en Libye et François Hollande au Mali, compte sur un nouveau retournement de son homologue. Realpolitik oblige, le président socialiste de la France a même fini par avouer devant le coordinateur de la rébellion syrienne qu'"une riposte militaire était compliquée à construire" ! Il a dit attendre avec la chancelière allemande Angela Merkel les résultats de l'enquête de l'ONU. Et le Canada a d'ores et déjà annoncé ne pas envisager de participer à d'éventuelles frappes. L'Argentine qui exerce la présidence temporaire du Conseil de sécurité et le Venezuela se sont opposés à toute intervention militaire en Syrie. Réagissant au désaveu de David Cameron par son Parlement, la Maison-Blanche a laissé entendre que le président Obama pourrait décider d'une action "unilatérale" américaine. "Les états-Unis continueront à consulter le gouvernement britannique, l'un de nos alliés et amis les plus proches", mais "les décisions du président Obama seront guidées par ce qui est dans l'intérêt des états-Unis", a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Caitlin Hayden. "Obama pense que des intérêts cruciaux des états-Unis sont en jeu, et que les pays qui violent les règles internationales sur les armes chimiques doivent rendre des comptes", a-t-elle poursuivi. Reste à savoir si c'est pour la cuisine interne ou une vraie perspective ? Pour autant, la poussée de fièvre pour envahir la Syrie, qui s'était fait jour mercredi et jeudi, a subitement baissé. Vladimir Poutine a-t-il repris du poil de la bête dans un climat qui rappelle celui de la guerre froide avec le froid polaire dans les relations américano-russes ? Fort de l'appui de la Russie, Bachar Al-Assad, qui avait déjà démenti les accusations "insensées" de recours aux armes chimiques, a martelé que "la Syrie était déterminée à éradiquer le terrorisme soutenu par Israël et les pays occidentaux", assimilant une nouvelle fois la rébellion à du terrorisme, soulignant que ses armées étaient prêtes à toute tentative d'agression étrangère. D B Nom Adresse email