L'Exécutif assurera également une offre abondante qui va se substituer à l'importation. Le gouvernement décide de mettre un frein aux importations massives effectuées ces dernières années en encourageant davantage la production nationale à travers des mesures incitatives. L'Exécutif compte garantir également une offre abondante en différents produits de consommation afin de réduire la dépendance du pays du marché international. Ce sont, là, les deux grandes orientations que le département des Finances a optées, annoncées hier par le ministre, Karim Djoudi, dans une interview qu'il a accordée à l'APS. Pour Karim Djoudi, le développement de la production nationale est un objectif assigné à tous les acteurs économiques dont les entreprises, les banques et les institutions de régulation et d'encadrement. Afin de concrétiser un tel objectif, les pouvoirs publics "interviennent par la mise en place de mesures incitatives et d'un dispositif de régulation et d'organisation des activités approprié", a-t-il souligné sans toutefois dévoiler les contours du projet gouvernemental. Néanmoins, une partie de ce plan a été révélée par la presse récemment et l'on peut citer les décisions liées entre autres au recadrage du crédit documentaire (crédoc) au profit de l'économie nationale, à l'institution de barrières non tarifaires à l'importation, la réduction de la consommation des ménages par l'encouragement de l'épargne et les placements immobiliers... Si le ministre n'a pas soufflé mot sur le retour du crédit à la consommation pour encourager la production nationale, il a cependant affirmé que l'"effort de conception, d'innovation et de diversification des biens et services locaux compétitifs doit être complètement assumé par les entreprises en tant qu'acteurs économiques de premier plan". L'explosion de la facture des importations qui a atteint 46 milliards de dollars en 2012, sans compter les services, était due, selon le ministre, à la hausse des investissements publics et privés et à une forte demande de consommation locale. À ce propos, M. Djoudi a tenu à lever toute équivoque sur ce moyen de paiement des importations institué en 2009 qu'est le crédoc. Recadrage du crédoc : limitation des rémunérations des banques Pour lui, il n'avait pas pour vocation de réguler les volumes importés mais d'assurer la sécurité des transactions, de permettre la traçabilité financière des opérations du commerce extérieur et de garantir une meilleure transparence. Soit, mais le crédoc a montré ses limites, estiment des observateurs. Cet instrument a, avouent-ils, gonflé les importations au lieu de les contenir. Ce qui a profité beaucoup plus aux banques privées qui ont vu leurs rémunérations augmenter. Devant pareille situation, il a été demandé au ministère de tutelle, a affirmé M. Djoudi, d'encadrer les conditions applicables à ce moyen de paiement des importations. C'est pour cela d'ailleurs, a-t-il ajouté, que la Banque d'Algérie (BA) a promulgué son dernier règlement dont les dispositions limitent les excès de rémunération pour les banques dans les opérations liées au dispositif du crédit documentaire. Inflation : une "préoccupation constante" du ministère Sur un autre registre, le ministre des Finances a assuré que la maîtrise du taux d'inflation, qui a frôlé les 9%, en 2012, avant d'entamer une courbe baissière dès février dernier, constitue une "préoccupation constante" du ministère des Finances ainsi que de la BA. Karim Djoudi a réaffirmé que le gouvernement était engagé dans "une politique de préservation du pouvoir d'achat des citoyens et des populations". Il a rappelé, à ce titre, l'effort de l'Etat pour le soutien des prix des produits et des services de base, qui a permis, selon lui, de maintenir une inflation à un niveau "raisonnable". La loi de finances 2013 prévoit quelque 1 400 milliards de dinars, soit plus de 18 milliards de dollars de transferts sociaux. En 2012, plus de 200 milliards de dinars ont été consacrés pour les subventions des produits de base en Algérie à savoir le lait, le blé, le sucre et les huiles alimentaires. La dépense sociale budgétisée représente presque un quart du budget de l'Etat et 13% du PIB national. Cela étant, la BA, qui, avoue le ministre, veille à la stabilité des prix en tant qu'objectif principal de sa politique monétaire, affinera prochainement sa politique de régulation pour mieux contrôler le système bancaire et pratiquer une politique de taux d'intérêt fondée sur le principe du taux réel et éviter, de ce fait, l'accumulation des créances non performantes. B. K. Nom Adresse email