L'ONU a dénoncé hier dans un rapport la pratique généralisée de la torture et des mauvais traitements dans les centres de détention libyens gérés par les brigades armées qui sont nées durant le conflit libyen. "La torture est généralisée et le plus fréquemment pratiquée immédiatement après que la personne soit détenue et lors des premiers jours d'interrogatoire pour obtenir des confessions et d'autres informations", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, lors d'un point presse à Genève. "Dans certains cas, les membres de la brigade armée ont librement admis et même tenté de justifier la violence physique exercée à l'encontre des détenus", a-t-elle ajouté. Malgré les efforts réalisés depuis 2012 par l'Etat libyen pour reprendre en main l'institution carcérale, les centres de détention où se trouvent les quelque 8.000 personnes détenues en lien avec le conflit de 2011 restent dans les faits aux mains des brigades armées qui sont nées durant la révolution libyenne, explique le rapport publié par le Haut-Commissariat et la mission de l'ONU en Libye (Unsmil). "La majorité des 8 000 (...) sont détenus sans procès en bonne et due forme", a déploré Mme Shamdasani, relevant par ailleurs que ces détenus n'ont généralement pas accès à un avocat et à leur famille. Depuis fin 2011, l'Unsmil a pu se rendre dans 30 centres de détention en Libye et a enregistré 27 cas de décès en détention pour lesquels des informations importantes suggèrent que la torture était la cause de la mort. L'ONU a aussi reçu des informations concernant d'autres cas suspects mais n'a pas été en mesure de mener une enquête approfondie, indique-t-elle. Onze de ces 27 cas ont été enregistrés en 2013, dans des centres de détention officiellement gérés par le gouvernement mais qui, dans la pratique, sont toujours gérés par les brigades armées. Dans son rapport, l'ONU souligne en revanche avoir remarqué une amélioration dans le traitement des détenus lorsque les centres de détention sont effectivement gérés par des agents de police judiciaire. En conclusion, l'ONU recommande donc aux autorités libyennes d'accélérer le processus de transfert des détenus vers des centres effectivement gérés par l'Etat, et de prendre des mesures pour protéger les détenus contre la torture ou d'autres formes de mauvais traitements. R. I./Agences Nom Adresse email