À l'image des errances à répétition d'une certaine presse écrite qui foule au pied toute éthique, principes et autre déontologie, le paysage audiovisuel algérien privé n'obéit quasiment à aucune règle précise pour ce qui a trait aux droits TV portant sur la retransmission des rencontres de football du championnat national. Tous ceux qui suivent avec un certain intérêt les informations sportives des nouvelles chaînes privées algériennes qui se sont multipliées après que l'Etat eut desserré quelque peu son étau ont forcément dû s'étonner de pouvoir voir et revoir des séquences entières de quelques rencontres de championnat. À la faveur de certaines émissions sportives de talk-show, des résumés de plusieurs rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2 sont même proposés le plus normalement du monde, agrémentés qui plus est d'interviews et de déclarations d'après-matches et même d'ambiance du vestiaire. Pourtant, c'est l'ENTV et seule l'ENTV, de toutes les chaînes algériennes, qui détient les droits de retransmission des rencontres de Ligue 1 et Ligue 2 professionnelles. La Fédération algérienne de football et l'entreprise publique de télévision algérienne (EPTV) sont, d'ailleurs, signataires d'un contrat de cession des droits de retransmission des matches de Ligue 1, de Ligue 2 et des équipes nationales et des rencontres de la coupe d'Algérie jusqu'à la Coupe du Monde 2014. À la faveur, donc, de cette nouvelle convention portant le droit de transmettre le maximum de matches, l'ENTV demeure, à ce jour, détentrice exclusive des droits TV qu'elle a portés à 43 milliards et 200 millions de centimes pour la précédente et actuelle saisons (2012/2013 et 2013/2014). "Chaque club aura droit à un fixe (600 millions de centimes) et une variable arrêtée selon son classement", comme l'avait explicitement annoncé le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj. Or, les images des rencontres des championnats professionnels de l'élite et de son anti-chambre ne sont, réellement, pas l'apanage de la seule Télévision publique. Mieux, lors des émissions hebdomadaires 100 % football, l'on peut même suivre en option supplémentaire l'ambiance des stades à partir des tribunes, les réactions à chauds des joueurs, entraîneurs et autres présidents de club. Dans de nombreux cas, ces chaînes de télévision privées ne se contentent pas uniquement des images "fournies" par l'ENTV mais proposent, en parallèle, des séquences, des buts et des actions filmées d'un tout autre angle, autrement dit, de leurs propres caméras. Cela est rendu possible grâce à la permissivité des instances chargées, normalement, de faire respecter ladite convention signée entre l'ENTV et la LFP, du service d'ordre présent à l'entrée des enceintes sportives jusqu'au personnel de ces mêmes enceintes. Or, les représentants de ces chaînes privées, équipés de caméras et de micros affichant clairement les logos de leurs employeurs respectifs, se voient faciliter la tâche par les préposés au respect des lois de la République, bénéficiant de tous les avantages, y compris l'accès à la main courante, au terrain et aux vestiaires, avant, pendant et après la rencontre. L'on se souvient, à titre d'illustration seulement et loin de toute volonté d'incriminer telle ou telle partie si ce n'est d'ouvrir un débat constructif, que les images télévisuelles dénonçant l'ex-coordonateur de la section football du Mouloudia d'Alger lors de la mémorable affaire des médailles en finale de la dernière coupe d'Algérie ont été diffusées par une chaîne privée sur la base d'un document filmé à partir du terrain alors que la logique commerciale, tel que convenu dans les accords entre l'ENTV et la LFP, aurait voulu, qu'hormis les caméras de la chaîne publique, aucun autre appareil de prise de vues animées ne devait se trouver à cet endroit précis et n'avait le droit de filmer de telles images. C'est à ce niveau justement qu'aurait pu intervenir l'inexistante agence de régulation. En France par exemple, ce rôle incombe au CSA. Créé par la loi du 17 janvier 1989, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a, ainsi, pour mission de garantir la liberté de communication audiovisuelle en France. La loi du 30 septembre 1986, modifiée à de nombreuses reprises, lui confère de larges responsabilités, parmi lesquelles "la rigueur dans le traitement de l'information". En Algérie, il existe une loi organique sur l'information. Elle consacre un large chapitre à l'activité audiovisuelle. Elle est censée protéger les droits d'images mais rien n'y fit. Les droits d'auteur sont censés également être protégés par une ordonnance. En l'absence donc d'une instance régulatrice de ce genre et de cette importance, le manque de rigueur, d'éthique et de déontologie n'est pas prêt, de sitôt, de rendre à l'ENTV ce qui appartient à l'ENTV. R. B. Nom Adresse email