Le CHU d'Oran, qui a connu plus d'une centaine de directeurs généraux et autant de ministres depuis l'indépendance, semble crouler sous le poids de la négligence et du laxisme. Les urgences médicochirurgicales du CHU d'Oran connaissent à l'heure actuelle une situation à la limite du supportable, compte tenu du volume quotidien de la prise en charge des malades pouvant atteindre jusqu'à 800 patients. Cet état de fait est explicité par la vocation régionale du CHU d'Oran, qui accueille souvent des patients des wilayas limitrophes dont l'état de santé nécessite des soins urgents et spécialisés, selon une source proche de l'institution hospitalière. À côté de ces extrêmes, les médecins et les résidents n'ont de cesse d'interpeller les pouvoirs publics sur les défaillances vécues au quotidien. "Nous avons alerté les responsables concernés sur cette situation qui nous pose de grands problèmes dans l'exercice de notre activité médicale", affirment des résidents. Pourtant, les canaux de dialogue existent entre ces derniers et la direction générale de l'hôpital d'Oran. "Nous avons écrit non pas pour dénoncer mais pour décrire la situation que nous vivons avec les patients et leurs proches", estime-t-on. Pour appuyer le bien-fondé de leurs déclarations, un état des lieux intégral a été adressé à la première responsable sur le déficit évident en matière de matériels et d'équipements médicaux. "Comment peut-on prodiguer des soins spécialisés aux patients avec un seul scanner du CHU, alors que celui des UMC est en panne ?", déplore-t-on. Comment, en effet, peut-on admettre une telle situation qui pénalise le patient. Des cas concernant des malades qui sont passés de vie à trépas témoignent de ces graves lacunes. "Nous engageons une course contre la montre pour sauver le malade qui est entre nos mains. Parfois, nous constatons impuissants le décès faute d'équipement adéquat et en nombre suffisant", assure-t-on. Même constat pour l'IRM que l'on trouve dans les établissements privés mais qui fait défaut au CHU d'Oran. "C'est à peine si nous couvrons 20% des patients qui requièrent une prise en charge spécifique et c'est à contrecœur que nous leur demandons de faire des examens de diagnostic en dehors des UMC", regrette-t-on. Selon nos interlocuteurs, plus de 80% des examens médicaux spécifiques sont effectués en dehors des UMC. "Les autorités compétentes doivent sérieusement se pencher sur ce problème qui nous discrédite aux yeux du citoyen et du malade, sans compter les dysfonctionnements nés de cette situation qui se répercutent négativement sur notre formation", plaide-t-on. Un médecin résident nous explique qu'il est impossible d'utiliser le scanner pour tous les patients admis aux urgences, "sinon sa durée de vie ne serait pas longue". Devant la salle de radiographie, où des malades allongés dans des brancards et des malades externes s'entremêlent, c'est la confusion. On entend à l'extérieur le défilé incessant des ambulances en provenance d'autres wilayas de la région. Elles ne sont pas médicalisées, et les patients arrivent aux urgences d'Oran dans un état parfois critique. Toute la journée, le service fonctionne en flux tendu. À l'accueil, les agents sont sans cesse sollicités. Les infirmières, qui exercent selon la règle des 3×8, sont exténuées. Et la nuit venue, le rythme reste le même, avec des patients d'un autre genre. Le CHU d'Oran, qui a connu plus d'une centaine de directeurs généraux et autant de ministres depuis l'indépendance, semble crouler sous le poids de la négligence et du laxisme. Deux éléments constamment décriés par le personnel mais curieusement mis sous le boisseau par les responsables en charge de la santé. Si l'envie vous prend de vous projeter au siècle dernier, faites un petit tour aux UMC et vous serez scandalisés par l'état des lieux qui se singularise par des équipements archaïques, un manque d'hygiène flagrant et des conditions de travail pitoyables. K. R-I Nom Adresse email