La situation ne cesse d'empirer au service des urgences médico-chirurgicales du CHU d'Oran qui accueille, de par sa vocation régionale, entre 500 et 700 malades par jour, dont les cas graves nécessitant une prise en charge urgente. Le personnel médical a, à maintes reprises, tiré la sonnette d'alarme pour interpeller les responsables de l'établissement, sur un grand nombre de défaillances qui leur posent d'énormes difficultés, dans l'exercice de leur profession. Selon un groupe de résidents, l'état de ce service ne cesse de se dégrader, en dépit des contacts établis avec la direction générale du CHU et dont le dernier en date remonte à une quinzaine de jours, avec l'actuelle responsable de l'établissement. Selon un résident, un état des lieux exhaustif a été présenté à la première gestionnaire, notamment en matière de déficit en équipements médicaux. A titre illustratif, sur les deux scanners du CHU, celui installé aux UMC est en panne. Du coup, les malades, nécessitant une exploration, sont transférés vers celui du service de la radio centrale. Pourtant et comme son nom l'indique, les UMC admettent, en urgence, des malades et par conséquent le facteur temps est déterminant. Souvent, des malades n'ont pas été sauvés à cause de la perte de temps. Idem pour l'IRM, une technologie qu'on retrouve, pourtant, dans des cliniques privées, alors que le CHU n'en dispose pas. Aux UMC, deux radios, dont l'une numérique, sont théoriquement opérationnelles. Or, dans la réalité, une seule fonctionne, à plein temps, alors que l'autre, la numérique, ne fonctionne, inexplicablement, qu'à mi-temps. Aussi, la fibroscopie fait défaut et les cas urgents présentés pour des examens de diagnostic sont, souvent, transférés vers le privé. Selon nos interlocuteurs, plus de 90% des examens exigés pour un diagnostic sont effectués, en dehors des UMC, généralement dans des cliniques privées. Ceci dit, ce manque d'équipements de base se répercute sur la qualité de la formation des résidents et cette préoccupation a été l'une des revendications centrales de la grève des résidents, de 2010 qui consistait à mettre à la disposition du résident les équipements exigés pour la spécialité afin qu'il s'imprègne. Il est aberrant, à titre d'exemple, qu'un radiologue n'ait jamais pu assister à un examen d'URM et qu'il n'ait jamais eu la possibilité de le manipuler. Tous ces manquements, plusieurs fois mis en évidence, par le personnel, depuis plusieurs années, semblent n'avoir jamais été pris en charge, concrètement, par les différents responsables qui se sont succédés à la tête du CHUO et, à titre indicatif, plusieurs ministres de la Santé, qui se sont penchés sur ce service, ont exprimé leur mécontentement et l'un d'eux avait même qualifié les UMC d'Oran, de « honte ». Toutes ces carences chroniques se répercutent sur la relation entre le praticien et le malade et, du coup, le personnel médical se retrouve discrédité, aux yeux des malades et de leurs proches. Un tour, au sein du service, renseigne sur l'état des lieux qui se caractérisent par des équipements archaïques, un manque criard d'hygiène, une mauvaise prise en charge des malades et des conditions de travail déplorables. Des salles de consultation, sans même des chaises pour les médecins, des sanitaires dans un état lamentable et au chalet réservé aux résidents de garde, la situation n'est guère meilleure. En somme, tous les projets annoncés, notamment, avec la mobilisation d'importantes enveloppes financières pour ce service névralgique, n'ont pas eu l'effet escompté dans le sens où l'humanisation des services de santé publique, rabâchée plusieurs fois, par de hauts responsables du secteur, demeure une utopie. Cependant, le cas du CHU d'Oran demeure le plus inquiétant d'entre tous. A noter, également, selon des résidents, une pénurie des analgésiques et des médicaments hospitaliers d'une manière générale, ainsi que l'annulation fréquente des interventions chirurgicales, notamment en ce qui concerne les urgences et les pathologies néoplasiques opérables. Enfin, il est à noter que la grogne monte chez les résidents qui comptent organiser plusieurs actions de protestation.