Branle-bas de combat chez l'opposition syrienne, en perte de vitesse sur le terrain des combats et loin de converger ni sur le processus de paix que laisse entrevoir Genève II ni même sur son propre avenir. Dos au mur, précipité par le nouveau contexte international créé par l'acceptation et la mise en œuvre du démantèlement de ses armes chimiques par le régime de Damas, la Coalition de l'opposition syrienne, qui peine à prouver son audience et sa cohésion, a annoncé sa participation à Genève II mais tout en continuant de jouer au trouble-fête. Le lendemain de leur accord, l'opposition nommait neuf ministres pour former le gouvernement du Premier ministre intérimaire Ahmad Tomeh, chargé de gérer les territoires syriens aux mains des rebelles. Ce premier train de nomination n'a pas coulé de source puisque le Premier ministre doit proposer de nouveaux candidats aux postes non pourvus, lors d'une prochaine assemblée générale de la Coalition, dont la date n'a pas été précisée. La veille de ces nominations, cette même opposition avait donné, hier, "à la quasi-unanimité", son feu vert à une participation "sous strictes conditions" à d'éventuels pourparlers de paix à Genève avec le régime de Damas. Ce fut en début de semaine, à l'issue d'une réunion ouverte à Istanbul. Dans son communiqué, la Coalition a indiqué qu'elle "désire participer à la conférence sur la base d'un transfert intégral du pouvoir et à condition que Bachar al-Assad et ceux qui ont du sang syrien sur les mains ne jouent aucun rôle dans la phase transitoire et dans l'avenir de la Syrie". Le régime de Bachar al-Assad a d'ores et déjà rejeté catégoriquement ce scénario. La Coalition a également exigé "qu'avant la conférence, l'accès aux zones assiégées par l'armée régulière de Damas, soit garanti" aux organisations humanitaires ainsi que "la libération des détenus, principalement des femmes et des enfants". À voir de près, ces conditions constituent autant d'obstacles à la conférence de Genève II, repoussée selon le médiateur international, Lakhdar Brahimi, au mois de décembre. Mais le satisfecit du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui s'est réjoui du "grand et important pas en avant" accompli par l'opposition syrienne, laisse entrevoir que celle-ci énonce des exigences à profusion pour se donner une bonne marge de négociations. En outre, depuis plusieurs semaines, les pays occidentaux et arabes "amis" de la rébellion syrienne s'efforçaient de les convaincre de s'asseoir à la même table que leur ennemi. Certains membres de la Coalition s'étaient déclarés dès le début prêts à se rendre en Suisse, notamment les Kurdes syriens, contrairement à d'autres. À propos des Kurdes syriens, il faut savoir que la guerre civile a donné un nouvel élan à leur cause, dont les miliciens multiplient les succès militaires contre les djihadistes dans le Nord-Est et gagnent également du terrain sur le plan politique. Victimes depuis des décennies d'une discrimination imputable aussi bien à Bachar al-Assad qu'à son père Hafez, qui l'a précédé à la tête de l'Etat, les membres de cette minorité voient dans le conflit un bon moyen d'accéder à l'autonomie de fait arrachée par leurs frères irakiens à l'issue de la première guerre du Golfe. D. B Nom Adresse email