Le Liban se retrouve progressivement entraîné dans la guerre en Syrie. Le pays est en effet profondément divisé entre les partisans du régime syrien et le camp hostile à Damas. L'engagement, depuis une semaine, du Hezbollah libanais aux côtés des troupes du régime lors des combats pour reprendre la ville stratégique de Qousseir semble avoir rendu la situation encore plus complexe et surtout ravivé les vieux démons de la guerre civile. A Tripoli, la grande ville du nord du Liban, les combats entre partisans et opposants au président syrien Bachar Al Assad se sont ainsi poursuivis dans la nuit de samedi à dimanche. En six jours, 31 personnes, dont trois soldats, ont trouvé la mort dans ces affrontements, selon une source de sécurité libanaise. La crainte maintenant est que ces combats s'étendent à Beyrouth, la capitale, dont la banlieue sud, fief du Hezbollah, a été visée hier matin par deux roquettes qui ont fait quatre blessés. L'une d'elles a touché le parc d'un vendeur de voitures, blessant quatre ouvriers syriens tandis que l'autre a atteint un appartement sans faire de victime. Les auteurs de ces tirs de roquettes n'ont pas encore été identifiés. «Les auteurs de cette attaque sont des terroristes et des vandales qui ne veulent pas la paix et la stabilité pour le Liban», a dénoncé le président libanais Michel Sleimane dans un communiqué. Le ministre de l'Intérieur, Marwan Charbel, s'est immédiatement rendu sur les lieux, où il a lui aussi dénoncé «un acte de sabotage visant à créer la zizanie». Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a expliqué samedi, dans son discours prononcé à l'occasion du 13e anniversaire du retrait de l'armée israélienne du sud du Liban, les raisons de l'engagement de son mouvement aux côtés du régime de Damas. Il a soutenu que le Hezbollah se devait d'intervenir en Syrie, car elle est «la protection arrière de la résistance» et «la résistance ne peut rester les bras croisés quand sa protection arrière est exposée». Craignant aussi une extension du conflit syrien, le chef du Hezbollah a appelé par ailleurs à éviter toute confrontation au Liban, comme cela se passe à Tripoli. «Nous appelons de nouveau à laisser le Liban en dehors de toute confrontation (...) Que ceux qui veulent combattre aillent en Syrie. Mais préservons la neutralité du Liban. Pourquoi se battre au Liban ?», a indiqué Hassan Nasrallah. Sur le plan diplomatique, Damas a annoncé son intention de participer à la conférence internationale dite «Genève 2» devant réunir l'opposition et le régime syriens pour tenter de mettre fin à la guerre. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a déclaré avoir fait part à l'Irak, où il se trouvait hier, de «notre décision de principe de participer à la conférence internationale qui doit avoir lieu à Genève». «Nous pensons que cette conférence internationale sera une bonne occasion de trouver une solution politique à la crise en Syrie», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse, en allusion à «Genève 2», qui a été initiée par Washington et Moscou pour tenter de mettre fin au conflit. La rencontre devrait en principe se tenir en juin. La Coalition nationale de l'opposition syrienne, réunie à Istanbul, avait quant à elle réclamé vendredi des «gestes de bonne volonté» de la part du président Bachar Al Assad avant d'envisager sa participation. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exprimé hier l'espoir de faire avancer le projet de conférence internationale sur la Syrie. «Je vais accueillir, lundi soir, mes homologues américain et russe et nous allons discuter» de la préparation de la conférence internationale, a déclaré M. Fabius à la presse. «Il semble que du côté du régime de Bachar Al Assad certains noms ont été avancés» pour représenter Damas à la table des négociations, a-t-il ajouté, indiquant attendre que la Coalition de l'opposition syrienne, réunie à Istanbul, «puisse faire de même». L'opposition plus que jamais divisée La réunion de la Coalition nationale de l'opposition syrienne, prévue jusqu'à samedi pour débattre en particulier de l'éventuelle conférence de «Genève 2», a néanmoins été prolongée d'une journée. Cette prolongation s'expliquerait par le fait que l'opposition, divisée en raison de la guerre d'influence des puissances régionales, avec d'un côté l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis qui veulent élargir la coalition pour réduire l'influence des Frères musulmans et de l'autre la Turquie et le Qatar qui soutiennent la confrérie islamiste, n'arrive toujours pas à s'entendre sur un smig politique. A préciser, en outre, que les Kurdes de Syrie veulent également participer à la conférence internationale de paix dite «Genève 2», que ce soit dans les rangs de la Coalition nationale de l'opposition syrienne ou en dehors, ont affirmé hier des représentants de la principale plateforme politique kurde syrienne.