Une soirée musicale empreinte d'authenticité et de spiritualité, englobant toute la culture musical targuie, a été animée, vendredi à Tamanrasset, par le groupe malien Tartit (union), porte-voix de la région de Tombouctou. Cette soirée du quatrième Festival international, Abalessa-Tin Hinan, des arts de l'Ahaggar (Fiataa) a connu un nombre important de spectateurs, plus de 3000, qui se sont déplacés au site paysager de Tidessi (10 km au nord de Tamanrasset). En tenue traditionnelle targuie, 5 femmes et 4 hommes ont porté sur scène les principales composantes de la culture et du patrimoine musical targui, à savoir le tindé, le chant et la poésie féminine, et l'imzad, tout en y apportant parfois une touche de modernité par la guitare. La condition des Touareg, leur mode de vie, leur environnement et leurs souffrances sont enveloppés dans des mélodies aussi spirituelles qu'entraînantes, servies par des voix limpides et une instrumentation qui insuffle une touche de sacralité à la musique du groupe, surtout sur des morceaux où l'imzad se fait accompagner du n'goni ou des nappes vocales féminines. Créé en 1995 par Fadimata Walett Oumar, dans un camp de réfugiés maliens, entre le Burkina Faso et la Mauritanie, suite à la visite des organisateurs du Festival belge "Voix de femmes", qui cherchaient un groupe musical de femmes touareg. Initié autour de Fadimata Walett Oumar, d'un griot et d'une joueuse d'imzad, Tartit est devenu par la suite un représentant des Touareg maliens, qui a pour mission, tout comme le groupe Tinariwen, de "diffuser la culture de son peuple mais surtout de réhabiliter son image malgré le grand problème d'analphabétisme qui le rend plus vulnérable", un problème à régler au plus vite dans sa région, en plus "du manque d'eau et d'infrastructures de santé". Auteure de la majorité des textes de Tartit, Fadimata Walett Oumar a déclaré que la musique traditionnelle targuie s'est métamorphosée après les troubles qu'a connus son pays pour passer de la beauté de l'humain et de la nature à la "revendication et aux cris de détresse". L'auteure et interprète a, par ailleurs, exprimé sa fierté de présenter l'imzad sur les scènes internationales et de voir cet instrument commun aux Touareg d'Algérie, du Mali et du Niger, proposé au classement au patrimoine mondial de l'humanité par l'Algérie. Elle a aussi exprimé son "soulagement", vu qu'au Mali il ne reste qu'une dizaine de joueuses d'imzad, tout en émettant le vœu de voir un jour "une école d'imzad au Mali avec l'aide de l'Algérie" qui possède déjà un centre pour cet art ancestral. La scène de Tidessi avait aussi connu lors de cette soirée le passage de deux troupes de Tindouf, dont Ouled Sidi Blel, premier groupe de diwan de Tindouf créé en 2010, et qui a su galvaniser le public de Tamanrasset avec un genre qui lui est pratiquement étranger. Dans le style assouf, véritable phénomène de société dans la région de l'Ahaggar, le groupe local Imerhan s'est lui aussi produit sur scène, au grand bonheur du public. Ouverte mercredi dernier à Abalessa (80 km de Tamanrasset), la quatrième édition du Festival international des arts de l'Ahaggar se poursuivra jusqu'au 18 novembre avec des scènes musicales prévues à Tidessi, Abalessa et In Salah. APS Nom Adresse email