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“Les zaouïas ont pactisé avec le diable !�
Sid Ahmed Ghozali à Liberté
Publié dans Liberté le 01 - 03 - 2004

L’ancien chef de gouvernement rejette la thèse selon laquelle l’élection serait déjà jouée. Il veut se battre, avec les Algériens afin de disqualifier ce “Président au pouvoir personnel caricatural�.
Liberté : Abdelhamid Mehri relève des “retouches techniques�, dans ces élections, au détriment des “retouches politiques�, Mouloud Hamrouche affirme que les jeux sont faits d’avance. Quel est votre avis ?
Sid-Ahmed Ghozali : M. Mehri, M. Hamrouche ont peut-être des informations que je n’ai pas. Je m’appuie, pour ma part, sur des faits que nous connaissons tous et à partir d’analyse qui ont une explication. C’est vrai aussi que nous partons peut-être d’une dialectique différente.
La question est de savoir si les prochaines élections doivent être vraiment une occasion pour l’Algérie de repartir. La réponse ne peut venir que de tous les Algériens. Je dis aux citoyens : ne continuez pas à vous plaindre ni à vous flageller, où à jouer les martyrs. Si vous voulez vos droits allez voter massivement et véritablement, car si vous ne le faites pas, la situation va profiter aux extrémistes des deux bords. En Algérie comme ailleurs, les abstentions massives ne profitent qu’aux partis extrémistes. Il s’agit, chez-nous, du totalitarisme de l’extérieur du pouvoir et le totalitarisme de l’intérieur du pouvoir. Les acteurs politiques ne doivent pas attendre que le peuple fasse une révolution ou que l’armée déroule le tapis rouge. Il y a au moins une partie qui considère que cette Algérie a besoin d’un homme, qui effectivement, puisse opérer un changement fondamental. Il faut de la conviction chez le peuple et chez les candidats.
Il est vrai aussi qu’il appartient à toutes les institutions de peser de leur poids pour que ce peuple soit convaincu que, cette fois, il va voter. Mais je partage entièrement l’analyse de Hamrouche quand il dit que la fraude est déjà là . Il y a eu violation de la loi pendant des mois.
Vous y allez quand même ?
J’y vais, parce qu’il y a un problème de délais. Il est regrettable qu'un chef de gouvernement ou des ministres se comportent en hommes de main d’un candidat. Il est par ailleurs, impossible que le Conseil constitutionnel ferme les yeux sur les violations de la loi. Nous devons demander des comptes.
Craignez-vous le rejet de votre candidature ?
En 1999, je n’avais aucun moyen de vérifier les arguments qui ont motivé le rejet de mon dossier. Tandis que cette fois-ci, je ne suis pas allé au Conseil constitutionnel les mains vides. Nous avons compté tout ce que nous avons mis dans les boîtes.
Ne trouvez-vous pas, surtout en tant qu’ancien chef de gouvernement, que la télévision algérienne est vraiment un des éléments de base du maintien au pouvoir, de monopolisation de la vie politique, de manipulation…
Cela est clair ! La plus belle des interviews accordées à un journal toucherait au mieux 100 000 personnes. Mais un quart d’heure à la télévision vaut bien plus, en termes d’effets, d’image et de puissance. Je vous cite mon propre exemple : qui, aujourd’hui, connaît Ghozali, à part ceux qui ont vécu la période où j’étais à un poste de responsabilité officiel ? Les autres ne connaissent ni mon visage ni peut-être mon nom. Pourquoi ? Parce que, naturellement, j’ai été privé de télévision et de radio. Je suis même presque sûr que beaucoup de journalistes ne me connaissent pas !
La télévision est un instrument d’une dimension extraordinaire. Souvenez-vous : Bouteflika a dit, il y a trois ans, et dans un raisonnement tout à fait scabreux, que les moyens publics et les finances publiques étaient à sa disposition. Or, tout ce qui relève du domaine public doit être d’utilité publique. Et les associations comme les partis politiques sont d’utilité publique, sinon, vous pensez bien, la loi ne les aurait pas reconnus.
“La réponse ne peut venir que de tous les Algériens. Je dis aux citoyens : ne continuez pas à vous plaindre ni à vous flageller, où à jouer les martyrs. Si vous voulez vos droits allez voter massivement.�
Le reproche est fait aux hommes politiques, qui, justement, ont eu à exercer des responsabilités officielles, comme vous donc, de n’avoir pu, “de leur temps�, œuvrer pour l’ouverture, par les textes, des médias lourds, spécialement la télévision. Le directeur de l’ENTV, M. Chawki, évoque systématiquement l’histoire des cahiers des charges et des missions…
D’abord, de mon temps, je n’ai jamais donné instruction pour censurer tel homme politique ou tel autre. La télé était bien ouverte à tous. Ceci dit, il ne se pose guère un problème de textes. Le problème c’est leur application. Bouteflika dit aussi qu’il faut revoir la Constitution; si nous arrivions à respecter et appliquer la loi actuelle, ce serait déjà un pas formidable. Ces responsables, dont Hamraoui, puisque vous le citez, sont, eux coupables. Coupables parce qu’ils acceptent, avec zèle, de dévoyer le service public de sa vocation naturelle. Je peux démontrer des cas où, moi, j’ai été victime d’un régime spécial d’élimination. On en arrive à cette situation paradoxale où un Algérien qui a servi longtemps est sanctionné au moment où la télévision est ouverte à d’autres.
Va-t-on vers un scrutin à un tour, comme on le laisse supposer ?
Je ne veux pas arriver à la conclusion catégorique, comme Mouloud Hamrouche, que l’élection est fermée. Hamrouche a des contacts et des liens que je n’ai pas, personnellement. Je ne les ai pas, ne les aurai jamais et ne cherche pas à les avoir.
Les apparences militent effectivement en faveur de l’idée que Bouteflika serait encore président après avril. Mais attention : si vous prenez cela pour argent comptant vous irez droit vers ce qu’on veut faire croire. La stratégie du pouvoir consiste, dans cette élection comme dans la vie de tous les jours d’ailleurs, à nous faire renoncer, pour que celui-ci soit sans concurrent. Cela ne suppose pas non plus que j’irai au bout en toutes circonstances. Si tout le monde ferme les yeux sur ce qui s’est passé depuis ces dernières années je n’irai pas au terme de ma candidature.
C’est, pour vous, une manière de responsabiliser ceux qui ont fait appel à M. Bouteflika en 1999 ?
Non, c’est une manière de dire que je ne jouerai pas les faire-valoir. J’irai me battre même avec un retard considérable, avec des moyens mille fois moins importants que l’un des concurrents, à la condition quand même qu’il y ait une compétition crédible, que les Algériens y croient et aillent voter. Si, par contre, on laisse les choses telles qu’elles se sont passées jusqu’à présent, les Algériens ne voteront pas. Dans ce cas, l’élection ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse ce ne sont pas les 20% qui accorderont leurs voix au pouvoir ou à Bouteflika, mais les 80% restant.
L’armée ne veut-elle pas se disculper en jouant aujourd’hui la neutralité ?
Je ne crois pas au principe de neutralité. Ce n’est ni réel ni souhaitable. Cela n’est pas propre à l’Algérie du reste. Vous ne verrez pas une seule nation civilisée où l’armée est neutre sur le plan politique. Il y a des questions où elle ne peut pas être neutre. Il est en revanche parfaitement légal que l’on définisse le rôle des institutions. L’expérience de ces dernières années nous a montré, pour la première fois, qu’une institution militaire est exposée aux caprices d’un homme. Cela est extrêmement dangereux.
Peut-on craindre, en cas de reconduction de l’actuel Président, la consécration définitive du pouvoir personnel ?
Le règne de Bouteflika est la prolongation de ce pouvoir personnel. Je signale néanmoins que, depuis l’indépendance, jamais le pouvoir personnel n’a été aussi caricatural. Houari Boumediene, qui était considéré comme étant le plus autoritaire, n’est jamais allé aussi loin. Il y a des frontières qu’il s’est gardé de ne pas franchir. C’est quoi un président qui entre dans le bureau d’un maire pour régler des comptes ? (allusion faite au président de l’APC d’Oran, ndlr). Qui soumet toutes les couches, toutes les sphères ? L’exemple des zaouïas est édifiant. Voilà des écoles qui ont mêlé religion et politique, qui ont fini par pactiser avec le diable. On a même demandé aux gens de prier pour que Dieu crève les yeux à ceux qui s’opposent à Bouteflika !
“La stratégie du pouvoir consiste, dans cette élection comme dans la vie de tous les jours d’ailleurs, à nous faire renoncer, pour que celui-ci soit sans concurrent.�
Des manifestations ont éclaté à Ouargla, la veille de la visite du chef de l’état dans la wilaya. Y a-t-il quelque lecture à faire ?
Dans les pays où le chef de l’état a le sens de l’éthique, on s’abstient des visites en temps de campagne. Or, pour lui, aller à Ouargla ou à Oran avant l’annonce de sa candidature ou après ne fait guère de différence. C’est une violation de la règle d’éthique et de la loi qui n’est pas nouvelle ; ce qui s’était passé avant dans les autres wilayas n’était pas une violation inférieure à celle d’aujourd’hui. Depuis cinq ans, il agit de la sorte. Finalement, c’est un problème qui relève beaucoup plus, ou beaucoup moins, de l’analyse politique que de l’analyse psychiatrique.
Selon des observateurs étrangers, le contexte international des prochains mois pourrait jouer en faveur de Abdelaziz Bouteflika ?
Dans toutes les élections, les états et les gouvernements ont des préférences, mais en fonction de leurs intérêts. Tel chef d’état préférerait tel candidat. Donc, il est très probable que les partenaires de l’Algérie aient, sous l’angle de leurs intérêts, des préférences pour certains candidats. Mais ne croyez pas que les Américains, tout Américains qu’ils sont, sont capables d’imposer leurs préférences à tous les Algériens. La donne est différente pour les Européens qui sont nos voisins. Je ne crois pas qu’il existe un seul pays en Europe qui arrive à la conclusion que le désordre en Algérie serait dans son intérêt. Or, Bouteflika incarne le désordre.
R. H. et L. B.


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