L'auditorium d'Aboudaou à Béjaïa a abrité, hier, les travaux d'un colloque international ayant pour thème : "Familles : traumatismes et résilience." Les organisateurs, les responsables et chercheurs du département des sciences sociales ont soumis à réflexion ce sujet, d'une brûlante actualité, à des psychologues et sociologues algériens et étrangers. La première communication a porté sur la "place et représentation des femmes dans les manuels scolaires en Algérie : la persistance des stéréotypes sexistes." Elle a été présentée par Mme Maïni Kheïra, maître de conférences en psychologie. Elle a affirmé que les nombreuses études, menées un peu partout et pas nécessairement en terre d'Islam, ont montré que les femmes sont un instrument de reproduction. "Le sexisme existe partout. Les résultats sont les mêmes." Et l'école n'y a pas joué un beau rôle. L'arbitraire y a été intériorisé : domination chez les garçons et soumission chez les filles. On y véhicule aussi, a-t-elle souligné, "une image obsolète de la mère." L'enseignante a eu à travailler sur une douzaine de manuels, six en arabe et six en français, élaborés avant la première réforme fondamentale (entre 1979 et 2002) et destinés aux élèves de l'école primaire. Il y a, pour elle, une discrimination basée sur le sexe. La femme y est surreprésentée dans la sphère domestique car sans emploi, ou, si elle travaille, elle n'est visible que dans les secteurs de l'éducation (enseignante en tablier blanc), de la santé (infirmière), coiffeuse, hôtesse de l'air. Et son unique environnement : l'intérieur de la maison. Son rôle : cuisiner, élever les enfants, veiller à leur santé et à leur scolarité. Elle est toujours représentée en tenue traditionnelle, longue djallaba avec un foulard. Les salariées en tenues de travail représentent respectivement 4,5% et 12% dans les manuels en arabe et en français. A contrario, l'homme y est représenté autoritaire, autonome et avec une force physique. Il est souvent à l'extérieur de la maison ; il emmène les enfants à la plage ou la famille en vacances ; il conduit la voiture ; achète des cadeaux. Les enfants ne sont pas en reste : les filles aident leurs mamans à la maison, le garçon le père quand il travaille au jardin. Et quid de cette place des femmes depuis la réforme introduite dans l'éducation ? Mme Maïni a déploré que les mêmes stéréotypes y soient maintenus. Et en dépit des changements intervenus dans la société algérienne, une scolarisation massive des filles, suivie par un taux de réussite élevée, on continue encore à surreprésenter les femmes dans des postures en contradiction avec les réalités sociales algériennes. La féminisation des métiers : 62% dans le cycle primaire ; 57% dans le secondaire ; 70% de femmes médecins, etc. L'enseignante a juste omis de dire que les femmes et les jeunes filles représentées dans les nouveaux manuels scolaires sont voilées. Ce qui n'existait pas auparavant. M. O Nom Adresse email