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Des journalistes parisiens à El-Oued
Ils ont été invités par la présidence
Publié dans Liberté le 02 - 03 - 2004

Venus couvrir “la visite de travail et d’inspection� du Président de la République, ils comprennent l’objet de leur présence une fois arrivés.
Six journalistes français issus de cinq organes parmi les plus influents de l’Hexagone, à savoir Le Nouvel Observateur, Paris-Match (avec un rédacteur et un photographe), Jeune Afrique l’Intelligent, Le Journal du Dimanche et l’agence Gamma ont pris part, hier, à un “charter� bondé de reporters, à l’invitation des services de la présidence, lequel s’est envolé vers la ville aux Mille coupoles, El-Oued, où le Président doit se rendre aujourd’hui.
Depuis le début des visites du chef de l’État à l’intérieur du pays, les journalistes devant couvrir ses sorties de terrain prennent l’avion à partir de la base militaire de Boufarik. Exceptionnellement hier, ils ont embarqué à partir du salon d’honneur de l’aéroport civil Houari-Boumediene. Aéroport civil, oui, mais le vol, lui, s’est effectué à bord d’un appareil de l’armée de l’air.
Sur quels critères ont été “triés� nos confrères de l’Hexagone ? Qu’est-il attendu d’eux ? Comment voient-ils l’élection qui se profile ?
Il faut d’emblée savoir que le “casting� s’est fait par le truchement d’une agence de communication parisienne, en l’occurrence Media-Focus, que dirige Saïd Ben Yahmed, le fils aîné de Bachir Ben Yehmed, patron de Jeune Afrique. Les services de la présidence ont donc concocté l’opération par le biais de ladite agence. Toutefois, le service de presse d’El-Mouradia a tenu à nous préciser que ce sont ces journalistes qui étaient “demandeurs�. L’un dans l’autre, il semblerait que nos confrères aient, depuis un certain temps, formulé la demande de venir en Algérie et les services de la présidence ont fait le reste, en étroite collaboration avec l’agence de communication. Il est à préciser que la plupart des journalistes parisiens qui étaient du voyage ont tenu à décliner toute prise en charge matérielle de la part de la présidence. Ils auront néanmoins droit à des facilités particulières en matière de visa, ainsi qu’une tournée avec le Président aux frais de la princesse. Hardrien Gosset, 28 ans, est reporter à JDD : Le Journal du dimanche. Lui, a payé son billet d’avion Paris-Alger et sa chambre d’hôtel. Comme ses autres confrères de l’autre côté, il trouve “limite� que des journalistes accompagnent ainsi le Président sans payer la facture. C’est sa deuxième visite en Algérie. “La première fois, c’était juste après le séisme du 21 mai�, dit-il. Apparemment sonné par le voyage, il s’ennuie un peu à l’hôtel Ritane Palace. Attablé au bord d’une piscine, il attend que quelque chose le sorte de sa torpeur. Et voilà qu’une (fausse) alerte à l’émeute sort tout le monde de la léthargie et propulse le jeune reporter au cœur de la ville. Lui aussi, il est là en observateur et ne se sent pas très inspiré pour “pondre un papier�. “J’ai beaucoup de mal à capter les subtilités de la politique algérienne�, avoue-t-il de but en blanc. Et de poursuivre : “Vue de l’extérieur, l’Algérie vit une crise de croissance de la démocratie.� Il estime que “derrière l’apparent monopole de Bouteflika sur cette élection, il y a une redéfinition des rapports entre les pouvoirs. C’est peut-être la première fois qu’il va y avoir un candidat qui ne soit pas le candidat de l’armée.� Amusé par le flot d’impressions et de comportements qu’il happe toutes antennes dehors, il marque une moue d’étonnement : “Ce charter de journalistes, c’est vraiment rigolo. Voilà une visite officiellement qualifiée de visite de travail et d’inspection qui tourne à la tournée électorale. C’est tellement gros ! Quand je lis dans le programme un truc comme “accueil populaire�, je souris. 10h - 12h : accueil populaire. ça devrait être spontané, non ?�
Hadrien Gosset voit, cependant, cette hystérie des bains de foule comme signe de quelque chose de neuf : “Paradoxalement, avec tout ce que ceci a de scandaleux, tout ce cirage de pompes à la télévision, ces charters mobilisés aux frais du contribuable, je pense que cela exprime aussi un réel besoin de soutien populaire. Bouteflika semble vouloir substituer le soutien du peuple à celui de l’armée. Avant, il suffisait de bourrer l’urne pour passer. Aujourd’hui, c’est la première fois que l’élection n’est pas jouée d’avance.�
Merouane Ben Yahmed, 27 ans, est journaliste politique à Jeune Afrique L’Intelligent et spécialiste de l’Algérie.
“Au moins, une fois par mois, je débarque à Alger�, confie-t-il. Il connaît personnellement Ahmed Ouyahia qu’il a interviewé tout récemment pour J. A. ainsi que Larbi Belkheir qui l’a reçu au cabinet du palais d’El-Mouradia. “Je n’ai pas besoin d’une opération de promo pour venir�, suggère-t-il.
Le fils cadet de Bachir Ben Yahmed est plutôt venu pour voir du pays, voir de plus près certaines choses et avoir un background, un feeling en distribuant, au passage, quelques numéros de JA. Rappelons que Jeune Afrique L’Intelligent, dans son édition du début du mois de février, a été tout bonnement censuré.
Et pour cause, il avait consacré tout un dossier à la grande muette sous le titre : “Pour qui vote l’armée ?� Pourtant, JA est généralement qualifié de “tendre� avec les régimes maghrébins, dont le régime algérien. “Si on était en contrat avec Boutef on n’aurait pas été censuré�, se défend Merouane Ben Yehmed. Il se dit d’ailleurs très frustré que ce dossier sur lequel il avait travaillé et cosigné avec Chérif El-Ouazani, n’ait pas atteint le lectorat algérien. Quand, dans un numéro de fin d’année, Jeune Afrique L’Intelligent avait choisi Benflis comme homme de l’année, cela a fort déplu à Khalida Toumi et au clan présidentiel. C’est dire les rapports très sensibles qu’entretient cet hebdomadaire, vieux de près de 45 ans, avec le pouvoir algérien. “Nous ne sommes pas un hebdo français comme Le Nouvel Obs ou l’Express. Nous sommes un magazine panafricain. Le gros de notre marché se trouve dans les pays du Maghreb, ce qui explique les rapports très délicats avec les régimes maghrébins. Avec la Tunisie par exemple, on évite carrément du parler politique�, argue le fils BenYehmed. Avant de conclure : “Pour autant, personne ne nous paye pour être “gentils� avec untel ou untel�. De l’élection qui se profile, il pense que quel que soit le degré d’ouverture du jeu électoral, Bouteflika jouit d’une “prime du sortant�, selon son mot. “Verrouillée ou pas, Bouteflika a déjà de l’avance. C’est le zaïm, et il suscite cette fascination que l’on éprouve devant le patron.�
Il soulignera toutefois que Benflis jouit d’une plus grande écoute en France de la part des médias de l’Hexagone et de la communauté maghrébine, ce qui expliquerait d’ailleurs, selon certaines sources, cette opération de charme de Bouteflika envers les médias français.
Pour Farid Aïchoune, journaliste au Nouvel Observateur, originaire de Belcourt, à Alger : “Bouteflika est devenu le Sarkozy algérien et il a engrangé de la sympathie à force de se faire taper dessus. Le TSB (tout sauf Boutef) a produit le même effet en Algérie que le TSS (tout sauf Sarko) en France, c’est-à -dire l’effet inverse�, dit-il. L’envoyé spécial du Nouvel Obs estime que l’armée algérienne aurait dû opter pour un scénario à la turque. “ça va être ce coup-ci un Président qui ne sera pas coopté par l’armée. Les généraux mangent leurs doigts pour le choix qu’ils ont fait en 1999 en ramenant un has been au pouvoir que 75% de la population c’est-à -dire les jeunes, ne connaissaient pas. L’armée aurait dû laisser faire comme l’armée turque avec les islamistes, et qui ont fini par pactiser avec Israël. L’armée doit se contenter uniquement du contrôle de la “républicanité� de l’état. Boutef la tient maintenant en respect avec le syndrome Milosevic. Il a une revanche à prendre pour avoir été écarté du pouvoir en 1979 par la sécurité militaire, d’où la panique de l’état-major�.
Farid Aïchoune n’écarte pas le scénario d’un arrêt du processus électoral-bis, “le problème avec l’armée dans cette élection, c’est qu’elle n’a pas de joker�, assène-t-il.
M. B.


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