Ni les pouvoirs publics ni l'Organisation des moudjahidine n'ont pensé à commémorer un pan important de l'histoire de cette région. Si le 50e anniversaire de l'indépendance vient à propos pour rappeler à tout un chacun les sacrifices de celles et ceux qui ont donné leur vie et tout leur temps pour l'indépendance nationale, le paradoxe est tellement criant concernant la bataille de Laghouat du 4 décembre 1852 conduite par Benacer Ben Chohra (1804-1884). Cette bataille a vu les deux tiers de la population civile décimés. En effet, ni les pouvoirs publics ni l'organisation des moudjahidine n'ont pensé à programmer une manifestation commémorative de cet événement majeur. Aucune action officielle qui viendrait effacer des mémoires cette occultation et cet oubli qui perdurent et qui auraient enfin rendu à cette ville sainte, son image de marque flouée, ses traditions, ses coutumes et son histoire qui sont à même de réhabiliter son rang de région révolutionnaire jalouse de son histoire, et berceau du nationalisme. Pourtant, lors de la rencontre ayant regroupé le 26 novembre 2012, l'association des animateurs de l'observatoire des Béni-Laghouatis, avec Youcef Chorfa, wali de Laghouat, ce dernier leur aurait signifié que la commémoration de la résistance de la population de Laghouat à l'occupation française en décembre 1852 ne sera inscrite officiellement qu'à partir de 2013. Ce qui avait suscité des questionnements dans les milieux intellectuels laghouatis. Cependant, l'ampleur du génocide n'avait pas laissé indifférents les citoyens de Laghouat et les moudjahidine encore en vie. Les animateurs de la jeune association portant le nom de L'observatoire des bénis-Laghouatis, s'était rabattue alors sur l'association 1er Novembre 54, qui, elle, est agréée, afin de conjuguer leurs efforts. Ce 161e anniversaire commémorant la bataille de Laghouat a été également célébré avec des bouts de chandelle, par l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) de l'université Amar-Thelidji de Laghouat. Pourtant, en décembre 1992, période marquée par le début de la décennie noire qui a ébranlé et endeuillé le pays, la maison de la culture Takhi-Abdallah-Benkeriou de Laghouat, structure officielle, a célébré le 140e anniversaire de ce même événement. Selon Bourezg Youcef, un des initiateurs, les manifestations se sont déroulées dans un climat de fête puisque plusieurs conférences ont été données. Cette bataille acharnée du 4 décembre 1852 qui a opposé les autochtones aux troupes françaises, a été tellement farouche qu'elle a été qualifiée de "génocide". Pour beaucoup de chercheurs, pas moins des deux tiers des habitants de Laghouat ont été décimés (ils seraient 3 627 sur 6 000). En effet, il s'agit de la prise de Laghouat par les troupes coloniales françaises qui ont froidement décimé les deux tiers de la population civile de la ville de Laghouat. Sans distinction de sexe et d'âge, ces populations sans défense ont été jetées sans état d'âme, dans les puits et 42 rebelles ont été brûlés vifs. Pis encore, les troupes coloniales n'ont pas hésité à utiliser pour la première fois l'usage de l'armement chimique (une sorte de chloroforme) qui désintègre tout sur son passage et pour éviter aux soldats de se mesurer au corps à corps avec les redoutables Maghraouas. Une arme utilisée à des fins expérimentales, nous ont rapporté des moudjahidine encore en vie. D'après tous les historiens qui citent singulièrement l'écrivain et peintre Eugène Fromentin, qui a relaté dans son livre Un été au Sahara avec moult détails et précisions l'aspect catastrophique de la ville après l'assaut du 4 décembre 1852, confirmant qu'il s'agissait bien là de l'extermination d'une population civile sans défense. Car les opérations militaires ne s'étaient pas seulement limitées aux combats mais à des actes de barbarie et de violences extrêmes envers les civils sans armes (éventration des femmes, égorgement des vieux et des bébés). Les soldats ont dévasté et saccagé les jardins, coupé les palmiers, pillé les maisons, brûlé les métiers à tisser, vidé les silos de blé et d'orge, laissant les Laghouatis dans la misère. B. A Nom Adresse email