Des camions semi-remorques et des véhicules de luxe aménagés ont été récupérés au cours d'une grande opération, alors que 14 narcotrafiquants ont été arrêtés. Parmi eux, figurent des repris de justice qui ont déjà purgé entre 3 et 20 ans de prison pour trafic de drogue. Les enquêteurs de la Gendarmerie nationale ont réussi à démanteler un important réseau national de trafic de drogue qui active à partir des frontières terrestres de l'Ouest algérien jusqu'aux frontières sud-est. Cette puissante filière de narcotrafiquants était essentiellement basée sur les axes de Tlemcen, Naâma, Sidi Bel-Abbès, Ouargla et El-Oued. Selon les premiers éléments de l'enquête, "les gendarmes en faction ont même recouru aux coups de sommation pour arrêter deux auteurs qui ont foncé sur un barrage de contrôle lors d'une course-poursuite". Qu'en est-il exactement de ce réseau et quels étaient ses desseins ? En fait, c'est suite à l'interpellation de deux narcotrafiquants que des investigations ont été orientées aux frontières et à plusieurs localités du pays. Selon notre source, ces deux individus transportaient, à bord d'un camion de marque Renault, 10 quintaux et 27 kg de kif traité. En vertu d'une autorisation d'extension de compétence, les gendarmes enquêteurs de la brigade d'El-Meghaier ont interpellé deux acolytes au centre-ville de Touggourt (Ouargla), à bord d'un véhicule de marque Peugeot 207. "En dépit du refus d'obtempérer aux injonctions de s'arrêter, le conducteur dudit véhicule a effectué une manœuvre dangereuse pour percuter un véhicule de marque Toyota appartenant à un particulier, contraignant un gendarme du dispositif à tirer deux coups de sommation avant son immobilisation. Il a été procédé à l'arrestation des deux auteurs." C'est dire à quel point les narcotrafiquants étaient déterminés à aller loin dans leur logique. C'est ainsi que les gendarmes, après exploitation des individus arrêtés et après une extension de compétence et un mandat de perquisition, ont saisi dans le domicile de la première personne interpellée dans la commune de Ben-Badis (Sidi Bel-Abbès) 2 quintaux et 20 kg de kif traité. Là aussi, une autre extension de compétence suivra, puisque des dizaines de domiciles ont été ciblés par les gendarmes avec des mandats de perquisition. Mais pas seulement quand on sait que la drogue était également stockée dans de vulgaires garages, des locaux commerciaux, des boutiques et autres des entrepôts. Cette extension aboutira à des perquisitions dans plusieurs localités relevant des wilayas de Tlemcen, (Maghnia), de Nâama (El-Kasdir), de Sidi Bel-Abbès (Ben-Badis et Ouled Mimoune). Face à cette pègre, les enquêteurs ont dû solliciter l'appui des dispositifs de sécurité et d'intervention, et des brigades cynophiles pour fouiller les lieux et sécuriser les périmètres où le cannabis était dissimulé. Résultat des investigations, 14 personnes interpellées, dont 4 repris de justice. Parmi ces repris de justice, il y a des éléments qui ont déjà purgé entre 3 et 20 ans d'emprisonnement à la suite de leur implication dans des affaires liées au narcotrafic. Leur âge varie entre 23 ans et 57 ans. Cela va sans dire que 4 autres narcotrafiquants identifiés demeurent en fuite et sont recherchés par les gendarmes. En plus de ces arrestations, les investigations se sont soldées par la saisie de 12 moyens de transport, dont 2 camions, 3 semi-remorques immatriculés dans plusieurs wilayas utilisés par les narcotrafiquants pour l'acheminement des grandes quantités de kif, 7 véhicules légers de luxe de toutes marques, dont une 4X4, utilisés dans les déplacements des narcotrafiquants et leurs éclaireurs pendant le trajet. Pourquoi ce lourd investissement des narcotrafiquants ? Il est clair que le maillage de cette dangereuse filière s'étale de l'Ouest jusqu'aux frontières du Sud donnant sur la Tunisie, plus exactement sur Djebel Chaâmbi, et la Libye. Le lourd investissement consenti par ce réseau, à savoir un parc automobile composé de véhicules de luxe et de semi-remorques, ainsi que d'un personnel aguerri dans le narcotrafic, renseigne sur les desseins de ce trafic qui s'étend du Rif marocain jusqu'aux maquis des terroristes et leurs soutiens, tant en Tunisie qu'en Libye. Dimanche dernier, même si aucun lien n'a encore pas été établi, les gendarmes et les militaires ont intercepté un convoi de 5 tonnes de cannabis au Grand-Sud. Ce qui suggère l'extension de cette filière vers l'autre bande frontalière algéro-libyenne, d'une part, et vers la région du Sahel, d'autre part. La télésurveillance des frontières et le renforcement des points de contrôle et de défense étant en vigueur, les GGF et les militaires guettent tout mouvement suspect dans cette région, notamment après l'affaire de Tiguentourine. Pour preuve, depuis quelques semaines, les narcotrafiquants marocains ont totalement changé de mode opératoire pour acheminer le cannabis aux "nouveaux clients", hors Europe et Moyen-Orient. Depuis le début du mois, ce sont 4 tonnes de kif traité qui ont été saisies à Naâma. Ici même, un accident de la circulation a abouti à la découverte de 2,2 tonnes de cannabis abandonnées par les narcotrafiquants. C'est dire que cette quantité impressionnante, comme déterminée par la cartographie d'acheminement, n'est pas destinée à la vente ou à la consommation sur le marché algérien. Elle est plutôt destinée à être acheminée, en petites quantités, vers le Grand-Sud où des camions et des semi-remorques, ainsi que des 4X4 tout-terrain aménagés pour son transfert vers la Tunisie via Oued Souf et vers la Libye. Le document exhaustif de la Gendarmerie nationale, qui fait état des dernières affaires traitées, et dont Liberté détient une copie, confirme ainsi la thèse que le Maroc est directement impliqué dans le financement du terrorisme chez ces deux pays voisins. F. B Nom Adresse email