Le public batnéen a assisté avant-hier soir, à la dernière représentation théâtrale en compétition au 5e Festival national de théâtre amazigh de Batna. Techakouffth Inourar ni Moudhar de la coopérative Belkisse de Aïn Touta, se veut celle de la promotion, de la pérennité et de l'ouverture. Cette jeune troupe qui a fait le déplacement de la ville d'Aïn Touta à une trentaine de kilomètre du chef-lieu de la wilaya de Batna semble avoir gardé le cap de l'approche universelle, comme cela a été le cas pour certaines pièces qui ont opté pour des textes d'envergure mondiale, notamment ceux de Friedrich Dorimate et Richard Demarcy. Cette initiative n'a pas déplu au public, bien au contraire ces œuvres ont été ovationnées et appréciées à leur juste valeur. Techakouffth Inourar ni Moudhar est tirée du texte Zoo story du dramaturge américain Edward Albee (un auteur dramatique qui a été plusieurs fois été nominé au prix Pulitzer : 1967, 1975, et 1994). La mise en scène est de Lahcen Chiba (aussi comédien au théâtre régional de Batna). C'est un décor en ombre chinoise qui rappelle parfaitement un zoo, peut être pas celui des animaux mais celui des hommes et un univers beaucoup plus cruel et sauvage a été dépeint tout au long de la pièce à travers le texte et le jeu des comédiens. On retrouve d'un côté l'homme symétrique réglé comme une horloge en plus d'être snob, et de l'autre côté, l'homme de tous les jours et peut-être même un peu underground, prolétaire (il faut se remettre dans le contexte, le texte date de l'année 1958), et il est aussi envahissant et il se plaît même à déranger son monde. Plus qu'un état des lieux, c'est une interrogation sur le monde : le nôtre. Si le texte est ancien, il reste d'actualité, car, plus que jamais les rapports humains ne se portent pas bien et ce ne sont pas les indicateurs qui manquent : guerres, conflits, menaces... Sur scène, quatre comédiens (deux hommes et deux femmes), incarnent tant bien que mal ce malaise dans un jardin autour d'un banc public. Ces personnages se sont réunis pour un petit moment de répit, mais la conversation vire rapidement au drame. Joué en chaoui, la pièce ne perd aucunement de sa profondeur ou de son génie, mieux encore elle offre la chance à beaucoup de personnes de faire une approche dans leur langue maternelle. À ce propos un comédien, nous confie qu'il adhère à cette démarche : celle de choisir et d'adapter des textes connus dans le monde, en attendant une production purement en tamazight, ce qui n'est pas impossible ! R. H Nom Adresse email