“Mon incarcération a été décidée en haut lieu�

Premières réactions de l’ex-maire d’Oran

Après 21 jours d’incarcération à la Qasba, le centre de détention d’Oran, l’ex-maire d’Oran, Djellouli Nourredine, a recouvré la liberté le 1er mars après avoir été placé sous mandat de dépôt le 9 février par le juge d’instruction près le tribunal de Oued Tlélat suite à une plainte du wali.
Depuis, la résidence de l’APC ne cesse de connaître un va-et-vient incessant de personnes venues aux nouvelles. Toutes les tendances, les couleurs politiques, les anonymes et la société civile, selon l’expression consacrée, se croisent et se côtoient pour une accolade, une embrassade et par-là même manifester leur soutien à l’ex-maire. Lorsque nous l’avons rencontré, c’est un homme un peu fatigué qui nous est apparu, mais serein, comme il nous le dira et visiblement ému devant toutes ces marques d’attention.
Ses conditions d’incarcération sont la première chose qu’il a abordée avec nous. Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, l’homme positive cette expérience : “Durant mon incarcération, je me suis retrouvé au même titre que l’ensemble des détenus et je n’ai bénéficié d’aucun privilège... J’ai découvert un milieu où il y a de la solidarité entre les détenus, avec certaines valeurs qui m’ont surpris. Tous savaient pertinemment bien les raisons profondes pour lesquelles j’ai été jeté en prison ; d’ailleurs, ils avaient cette expression “c’est un coup fourré !� en parlant de mon cas. Ils ont manifesté à leur façon leur solidarité envers moi. Ce qui m’a profondément touché lorsque j’ai été transféré dans la salle 7B, où il y a des jeunes et des moins jeunes, c’est de voir à quel point ils étaient heureux de me donner leur matelas, ce qui constitue en prison le bien le plus précieux...�
Djellouli Nourredine poursuit son récit en expliquant comment en milieu carcéral les détenus se tiennent informés de la vie à l’extérieur grâce aux parloirs et aux journaux disponibles dans la prison. Il avouera même avoir découvert à cette occasion une institution et son fonctionnement qu’il méconnaissait jusque-là . “Sans porter de jugement sur cette institution, il est clair qu’en 2004 il ne peut y avoir de vie décente dans une prison au moment où les droits de l’Homme les plus élémentaires sont bafoués dans la vie courante... Il y a beaucoup à faire ...!� Et de poursuivre : “Lorsque les droits de l’Homme seront respectés cela se répercutera dans la prison...�
Abordant l’aspect essentiellement politique de son affaire, l’ex-maire d’Oran, qui dénonce avant toute chose l’utilisation de tels procédés (son incarcération), se dit convaincu que la décision de son incarcération est venue d’en haut : “Je ne suis pas dupe ! Ce n’est pas à Oran ou à Oued Tlélat que la décision a été prise de me mettre en prison... Je n’attends pas du wali d’Oran qu’il démissionne ou qu’il milite à ma place car je ne considère pas être tombé ou qu’il s’agisse d’un mal d’avoir défendu le SG de notre parti, candidat à la présidentielle...�. Il parlera aussi des liens qu’il a avec Benflis et les valeurs de démocratie, de droits de l’Homme qu’il partage avec lui.
Réaffirmant sa volonté de poursuivre son engagement politique “quel qu’en soit le prix�, l’homme livre son appréciation sur le pouvoir en place en disant : “Ceux qui nous gouvernent n’ont pas tiré les leçons de l’histoire et qu’il est clair que ce genre de pouvoir qui ne respecte pas les règles les plus élémentaires et les valeurs universelles des droits de l’Homme, de la liberté d’expression, ne peut pas durer...� Il dira également que le mépris envers le peuple est une preuve qu’ils méconnaissent celui-ci et ses aspirations profonde.
Placé sous contrôle judiciaire, Djellouli Nourredine ne manquera pas de souligner que par rapport aux chefs d’inculpations : détournements de deniers publics, trafic d’influence et passation de marché contraires à la réglementation, il reste très serein et qu’il a la conscience tranquille : “La plainte ne mérite même pas un contrôle judiciaire et dans des circonstances normales, celle-ci aurait été rejetée dans la forme et le fond ! Tous les documents montrent à quel point j’ai été respectueux de la réglementation�, dira-t-il en guise de conclusion ajoutant encore une fois qu’il poursuivra son combat envers et contre tous.
F. B.