L'agence APS a diffusé hier, successivement, en l'espace de six heures, trois dépêches faisant état d'"informations" qui, sans avoir un lien directement apparent entre elles, signent un retour remarquable de la communication officielle calamiteuse. Et cela ne va pas sans laisser planer des doutes et susciter des interrogations, voire même des suspicions quant aux intentions de Bouteflika, d'une part, et au sort du processus électoral annoncé, d'autre part. Le bal des dépêches suspectes a commencé à 11 heures 38 minutes. L'APS fait état d'un message de félicitations de Bouteflika à son homologue tunisien à l'occasion du troisième anniversaire de la révolution du 14 janvier. Alger reconnaissant la révolution du Jasmin qui fut l'amorce du Printemps arabe, c'est bel et bien une première. Mais il y a anguille sous roche : à l'heure où était diffusée cette "information", Bouteflika se trouvait déjà au Val-de-Grâce. Mais on ne le saura qu'à...17 heures 19 minutes, lorsqu'un communiqué de la présidence de la République sera diffusé par l'APS. On y apprend que Bouteflika se trouve depuis lundi, soit avant-hier, à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce pour "parachever son bilan de santé initié à Alger et dans le cadre d'une visite médicale routinière de contrôle, arrêtée et programmée depuis le mois de juin 2013". Les rédacteurs du communiqué soulignent qu'"aucune procédure d'urgence n'a dicté ce déplacement" et que l'état de santé du président de la République s'améliore "sûrement" et de "façon progressive". Environ deux heures auparavant, soit à 15 heures 1 minute, l'APS annonçait que le président de la République s'apprêtait, alors qu'il se trouvait déjà à Paris, à convoquer le corps électoral "entre le 16 et le 17 janvier en cours". Mais l'agence, dont Bouteflika se disait être le rédacteur en chef, s'est cru obligée d'ajouter l'expression "sauf cas de force majeure", comme pour souligner qu'en définitive, rien n'est sûr sous le ciel de l'Algérie de ce début 2014. Si l'état de santé du président de la République ne suscite aucune inquiétude, une question se pose : pourquoi se rendre au Val-de-Grâce à 48 heures de la convocation du corps électoral ? Le communiqué de la Présidence assure, certes, que le séjour parisien de Bouteflika durera "jusqu'au vendredi 17 janvier 2014", soit la date limite pour la convocation du corps électoral. Autre question alors : Bouteflika compte-t-il revenir du Val-de-Grâce avec un "quitus médical" qui lui permettrait de briguer un quatrième mandat ? Mais en a-t-il vraiment besoin ? Qui serait en mesure de l'exiger de lui, sachant que le Conseil constitutionnel lui est totalement soumis ? Un clan ? D'aucuns n'hésiteraient pas à le jurer, sachant que, généralement, c'est la communication incohérente et suspecte du pouvoir qui renseigne sur l'état des lieux au sommet. Nom Adresse email