L'Association des banques et établissements financiers (Abef) semble trouver beaucoup de vertus au crédit documentaire (Crédoc) comme moyen de paiement des importations, contrairement aux opérateurs qui, depuis son instauration, n'ont pas cessé de le critiquer. Dans un communiqué repris par l'APS samedi, l'Abef a relevé "les avantages du Crédoc, qui a, de tout temps, été usité par nos opérateurs économiques qui se sont largement familiarisés au fil du temps avec les règles". L'association explique qu'il est avantageux pour l'importateur car la responsabilité des banques des deux parties est engagée dans la vérification de la conformité des documents. En cas de non-conformité des documents, la banque ne paie pas le fournisseur et l'acheteur est assuré de voies de recours. Par ailleurs, estime l'Abef, "le Crédoc met le client algérien dans une position renforcée pour négocier les conditions de prix et de livraison et lui permet d'obtenir des délais de règlements pour pallier les insuffisances de trésorerie". L'Association des banques et établissements financiers pense que "les coûts générés par le Crédoc ne sont pas nécessairement excessifs car ils sont visibles et pourraient être réduits dans le cas où la confirmation ne serait pas exigée par l'exportateur". Ce n'est pas le cas lorsqu'il s'agit du transfert libre qui entraîne des coûts additionnels indexés sur les coûts de refinancement sur le marché international. "C'est pour toutes ces raisons que le Crédoc a été institué en 2009", précise le communiqué, qui indique que le Crédoc est déjà vulgarisé et est également "modulable en fonction de la perception par la communauté bancaire internationale du risque pays". La même source rappelle qu'il a prévalu durant la période d'ajustement structurel et il est demeuré comme l'instrument prépondérant dans les échanges avec l'extérieur et quasiment obligatoire et incontournable pour ce qui relève des opérations d'investissement (importation d'équipements notamment). L'Abef indique aussi que la remise documentaire (Remdoc), autorisée à la faveur de la loi de finances 2014 comme second mode de paiement des opérations de commerce extérieur avec le Crédoc, "peut être à l'origine de coûts supplémentaires dus généralement aux facilités de paiement accordées par le fournisseur". Le coût de refinancement à l'international oscille autour de 7%, rappelle l'Abef. Cette sortie de l'Association des banques et établissements financiers suscite des interrogations. Mais il faut souligner que la mesure de réintroduction de la remise documentaire comme second monde de paiement des importations n'était pas prévue dans le projet de loi de finances 2014 du gouvernement. La mesure a été introduite comme un amendement par l'APN. L'initiative a été applaudie par les opérateurs économiques. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), qui, depuis 2009, milite pour la suppression de cette obligation faite aux entreprises, se félicite car son analyse est partagée par les parlementaires mais, visiblement, pas par la place bancaire. "Sur la lettre de crédit, on avait dit que c'est une hérésie. La lettre de crédit est un instrument de paiement et non de régulation du commerce. Cet instrument de paiement a surtout profité aux fournisseurs étrangers, aux banques de la place, qui ont eu beaucoup de facilités pour confirmer les lettres de crédit. Il a éliminé du jeu économique ceux qui ne pouvaient pas suivre, parce qu'il fallait disposer de la trésorerie pour pouvoir importer. Il a forcé les producteurs à constituer des stocks pour faire face à la lourdeur de la mécanique d'importation", nous avait indiqué le président du FCE. "Chaque année, on a payé 500 millions de dollars au minimum pour la confirmation de lettres de crédit. Sur trois ans (2010, 2011 et 2012), il y a eu une perte de 1,5 milliard de dollars. On a déstructuré les circuits commerciaux. C'est un dégât qu'on a causé à l'économie par une simple mesure prise unilatéralement", a souligné Réda Hamiani. M R Nom Adresse email