"Je n'ai pas encore pris de décision en ce qui concerne une éventuelle candidature à l'élection présidentielle. Je prendrai ma décision à la lumière de l'évolution du paysage politique. Mais si je décide de me présenter, je démissionnerai de ma fonction de président de l'ANC afin que les conditions d'une compétition réelle entre les candidats soient assurée", a déclaré le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaâfar. Le message on ne peut plus clair est adressé au président de la République Moncef Marzouki. Or, ce dernier, qui refuse de se prononcer, préfère charger son bras droit Imed Daïmi de dire qu'il ne cédera le pouvoir qu'à un président élu. Ceci étant dit, Marzouki ne partira pas avant l'élection présidentielle à laquelle, assurément, il se portera candidat. Par ailleurs, sur le plan juridique, le flou entoure la question si les présidents de la République et de l'ANC devraient démissionner dans le cas où ils se porteraient candidats aux présidentielles. Aujourd'hui que Mehdi Jomâa s'est installé "confortablement" dans le fauteuil cédé par son prédécesseur Ali Laârayedh à La Kasbah et que ses ministres ont pris leurs fonctions et ont commencé à ouvrir les dossiers, avec l'assurance qu'ils ne seront point candidats aux prochaines élections, s'est posée une problématique qui a été, malheureusement, occultée par le processus du dialogue. Il s'agit, bien entendu, de l'égalité des chances des candidats aussi bien aux futures élections présidentielle que législatives. Autrement dit, Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar, qui préservent leurs postes à Carthage et à l'hémicycle de Bardo, partiront-ils, au moment des élections, à chances égales avec les concurrents qui chercheront à les en déloger ? Le fait qu'ils soient toujours en poste jusqu'aux prochaines échéances, les deux présidents se donneraient, peut-être, certains avantages qui pourraient les favoriser dans la course finale aux palais de Carthage et de Bardo. Les questions restent posées. D'autant que ni la feuille de route du Dialogue national ni les dispositions transitoires contenues dans la Constitution, en date du 27 janvier, ne prévoient pas la démission de Marzouki ou/et de Ben Jaâfar de leurs fonctions au cas où ils envisageraient de se porter candidats à la prochaine élection présidentielle. Et même si le black-out sur cette affaire est de mise, l'opinion publique et les observateurs ont soulevé la question au point que Mustapha Ben Jaâfar s'est trouvé obligé de déclarer qu'il n'a pas pris encore de décision quant à son éventuelle candidature. Au sein de l'Union pour la Tunisie, la question de remédier à cette "anomalie" commence à se poser sérieusement. En se maintenant à leurs postes actuels jusqu'aux élections, Marzouki et Ben Jaâfar portent atteinte à la crédibilité morale de l'opération électorale. L'Union pour la Tunisie estime qu'ils doivent démissionner au cas où ils décideraient de se porter candidats. "Mustapha Ben Jaâfar a eu le courage et l'honnêteté de reconnaître qu'il devrait partir s'il décidait de briguer la présidence de la République. Seulement, il ne s'est pas empêché de nous recommander Meherzia Laâbidi, estimant qu'elle est la plus habilitée à le remplacer." I. O. Nom Adresse email