Respectant le droit de réserve depuis 2009, l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, rompt le silence. Il se voyait obligé d'intervenir car "ce qui se passe sur la scène nationale... interpelle la conscience de tout citoyen algérien". En tant que citoyen jouissant d'une caution morale intacte, cet homme, qui ne croit pas à "l'homme providentiel", s'invite dans le débat sur cette élection présidentielle atypique et pipée d'avance. Ce message d'une grande profondeur a aussi ce tact de ne pas personnaliser les acteurs, préférant placer l'Algérie et le citoyen au-dessus de tous les marchandages où s'affaire une certaine classe politique qui ne respecte ni l'éthique de la fonction ni le minimum du savoir-faire et du savoir-vivre. En un mot, la clochardisation de la politique qui s'est ancrée dans l'argent sale. Par contre, ce message de l'ancien Président, plus que jamais respecté aussi bien par les officiers de l'Armée dont il est issu que par les grands commis de l'Etat qui l'ont servi avec déférence durant son mandat et aujourd'hui dans des directions de campagne, va les interpeller sur cette situation ubuesque qui se joue devant eux et dont certains en sont les marionnettistes. Tout a commencé en 2008 lorsque la Constitution a été triturée pour faire d'une république un royaume avec la non-limitation des mandats. C'était une erreur à ne pas faire et dont sont responsables devant l'Histoire et les générations post-Indépendance les députés qui ont approuvé cet acte qui nous mène à une non-gouvernance. Il appelle à un mandat-transition pour enfin accomplir ce saut qualitatif dont tous parlent sans le mettre à exécution (discours de Sétif un certain 8 mai 2012), pour confier la charge du pays à cette génération née dans l'euphorie de l'Indépendance qui évolue dans le milieu compétitif des grandes écoles, d'une part, et de l'environnement qui vit des mutations au niveau mondial, d'autre part. Ce message salutaire de cet homme intègre des Aurès sera-t-il ce vent salvateur qui fera entrer le pays dans une gouvernance transparente ? Ce ne sera pas un autre Printemps arabe, mais une mue de la Révolution armée à celle de la compétence et de la fierté d'être Algérien. En tout état de cause, Liamine Zeroual, seul ancien président en vie, a donné le la aux patriotes de jouer la musique. O A [email protected] Nom Adresse email