Obama, qui a bouclé sa tournée européenne où il a remis de l'ordre dans l'Otan, a fait escale en Arabie Saoudite pour dissiper les appréhensions du roi Abdallah au sujet de la politique américaine sur la Syrie et l'Iran. Le président américain a rassuré son hôte que les intérêts stratégiques de leurs deux pays restaient "alignés". Depuis sa première visite en 2009 en Arabie, l'un des principaux alliés de Washington au Moyen-Orient, les relations entre les deux pays, qui remontent à sept décennies, ont, en effet, connu des soubresauts, frôlant par moment la crise. Au cœur des divergences entre Washington et Riyad : les dossiers syrien et iranien. L'Arabie Saoudite, puissant soutien de la rébellion contre Bachar al-Assad, reproche à Washington son attitude "non interventionniste" en Syrie. Apparemment, la situation se serait assainie, Benjamin Rhodes conseiller à la sécurité de la Maison-Blanche, a précisé à Riyad que les deux pays travaillent désormais "en coordination étroite pour soutenir l'opposition au régime du président Bachar Al-Assad." Pour l'autre sujet qui fâche, l'Iran, rien n'a filtré quant aux garanties américaines. En ce qui concerne ce pays, Riyad voit d'un mauvais œil l'accord de novembre 2013 sur le nucléaire iranien, qui prévoit un gel partiel du programme atomique de la République islamique, en échange d'un allégement des sanctions économiques frappant ce pays. Ces deux dossiers, syrien et saoudien, sont par ailleurs liés. La famille régnante saoudienne en crise de transition générationnelle — le roi Abdallah, âgé et malade, vient de désigner un nouvel héritier, le premier étant lui aussi âgé et malade — juge impératif de faire tomber le régime d'Al-Assad afin de faire barrage à la domination de l'Iran chiite sur les pays arabes. Durant le séjour d'Obama, les entretiens américano-saoudiens ont également porté sur le processus de paix israélo-palestinienne et la situation en Egypte. Les deux sujets représentent une autre pomme de discorde entre les deux pays. Washington s'aligne systématiquement sur les fuites en avant du Premier ministre israélien, dont sa récente exigence de reconnaître l'Etat d'Israël comme un "Etat juif", de manière à en exclure ses derniers habitants palestiniens. Sur l'Egypte, contrairement à Riyad, Washington est en froid avec Le Caire depuis la destitution par l'armée, en juillet 2013, du président islamiste Mohamed Morsi. En foulant le sol saoudien, Obama a fait dire par son porte-parole : "Quels que soient nos différends, cela ne change rien au fait qu'il s'agit d'une relation très importante et étroite." L'Arabie Saoudite, chef de file des monarchies du Golfe, fut l'un des principaux alliés des Etats-Unis au Proche-Orient en vertu de l'alliance bilatérale de 1945, selon laquelle la sécurité du royaume est assurée en échange de contrats pétroliers. Or, ce marché prend de moins en moins d'importance avec le gaz de schiste exploité aux Etats-Unis lui ouvrant des perspectives d'indépendance énergétique. D. B. Nom Adresse email