Le secrétaire d'Etat John Kerry a inauguré sa nouvelle tournée moyen-orientale par Le Caire avant de rallier Riyad. Une tournée de neuf jours qui s'achèvera au Maroc en passant par l'Algérie. À l'ordre du jour, l'actualité régionale explosive mais aussi les perspectives d'avenir notamment dans notre pays qu'il foulera pour la première fois. Point d'orgue de ce 17e voyage en huit mois pour le chef de la diplomatie américaine, sa seconde étape en Arabie Saoudite pour des entretiens avec le roi Abdallah afin de tenter d'apaiser les tensions entre les deux alliés. De fait, et bien que Washington le nie, les relations américano-saoudiennes subissent un coup de froid, tant à cause de la Syrie que de l'Iran, la puissance chiite de la région et la bête noire de Riyad. La monarchie wahhabite n'avait-elle pas annoncé le 18 octobre son refus de siéger au Conseil de sécurité de l'ONU, alors qu'elle venait d'y être élue ? Un geste sans précédent pour protester contre "l'impuissance" du Conseil -et donc aussi de Washington- dans la crise syrien. Les Saoudiens reprochent à leurs alliés américains d'avoir renoncé à frapper militairement le régime de Bachar al-Assad. Le chef des renseignements saoudiens, le prince Bandar Ben Sultan Al-Saoud avait déclaré à des diplomates européens que Ryad réduirait sa coopération avec la CIA pour armer et entraîner des rebelles syriens en collaboration avec la France et la Jordanie. Sur le dossier nucléaire iranien, l'Arabie Saoudite voit d'un mauvais œil le dégel diplomatique amorcé entre Téhéran et Washington. Riyad est également furieux que les Etats-Unis aient réduit leur aide militaire au régime intérimaire mis en place par les militaires en Egypte, un régime que les Saoudiens soutiennent à fond pour avoir débarrassé leur pays des Frères musulmans. Kerry va réaffirmer "la nature stratégique des relations entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite", un "partenaire immensément important sur des dossiers tels que la Syrie ou l'Iran", a affirmé la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. Après les ressentiments de ses alliés saoudiens, Kerry se consacrera aux pourparlers israélo-palestiniens dans ses étapes de Jérusalem et Bethléem. Les Palestiniens revenus des promesses d'Obama I et II, n'attendent rien si ce n'est que des exhortations à s'asseoir en face de Benyamin Netanyahu, encouragé comme jamais dans son avancée colonialiste, réduisant l'Etat palestinien à un horizon sur un confetti de parcelles. Washington a passé tous les caprices des Israéliens, on ne voit pas ce que Kerry peut apporter de nouveau dans un processus de paix israélo-palestinien à l'arrêt depuis une décennie et toujours en panne malgré la reprise fin juillet 2013 du dialogue direct entre Israël et les Palestiniens. Comment pense-t-il donner une impulsion à ce casse-tête plombé par une nouvelle annonce d'Israël de construction de 1 500 logements de colons à Al-Qods-Est? Le département d'Etat a reconnu que cela assombrissait le climat des négociations, qui avaient déjà capoté en septembre 2010 en raison de la colonisation. À Jérusalem, John Kerry s'emploiera plutôt à rassurer Netanyahu sur la petite ouverture américaine sur Téhéran, pomme de discorde entre Israël et les Etats-Unis, Israël redoutant que Washington n'allège les sanctions contre les Iraniens sans réelles concessions sur le nucléaire. Enfin, le secrétaire d'Etat américain bouclera sa tournée par un premier voyage au Maghreb. D'abord à Alger pour le dialogue stratégique Etats-Unis-- Algérie, lancé en octobre 2012 à Washington et fondé sur un éventail de questions, notamment les questions de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, de l'économie et de la société civile. Dernière étape, le Maroc où certainement il sera question du Sahara Occidental dont l'approche américaine repose sur les résolutions de l'ONU. D. B Nom Adresse email