S'ils demeurent sur une position de principe commune au sujet de la Syrie, les Etats-Unis et leur principal allié dans la région après Israël, l'Arabie saoudite, divergent sur la mise en œuvre de cette « bonne entente », accréditant davantage le « froid » émaillant leurs relations. Lors d'un tête-à-tête de deux heures avec le roi Abdallah, vendredi dernier à Riyad, le président américain, en visite pour la seconde fois dans le pays, a tenté de rassurer son partenaire « stratégique » quant à sa détermination à renforcer « politiquement et militairement » l'opposition syrienne « modérée ». Depuis qu'elle a pris en main le dossier syrien en excluant son « frère ennemi qatari », l'Arabie saoudite prône une approche interventionniste pour faire tomber le régime de Bachar al-Assad, sans parvenir néanmoins à convaincre les Américains. Dans une interview à la chaîne américaine CBS, le président américain a vigoureusement défendu sa décision de ne pas employer la force contre le pouvoir syrien à l'automne dernier, soulignant que les Etats-Unis « avaient leurs limites après une décennie de guerre ». « Je pense que ce n'est pas vrai de penser que nous étions dans une position, avec quelques frappes ciblées, d'empêcher ce que nous voyons en Syrie », a-t-il déclaré, non sans avancer des arguments. « Nos troupes qui se sont relayées, leurs familles, le coût que cela représente et la capacité de parvenir à une solution viable sans que nous ayons à nous engager pour peut-être une autre décennie ont fait que les Etats-Unis n'ont pas voulu aller plus en avant », a-t-il soutenu. Autre couac : Washington n'a pas approuvé la fourniture par l'Arabie saoudite de Manpads (système d'arme sol-air portable) aux rebelles syriens dont Riyad est l'un des principaux soutiens, en relevant qu'une telle fourniture représente « un risque de prolifération » auprès des troupes jihadistes qui pullulent dans le pays. A part la Syrie, le président Obama s'est voulu rassurant sur la solidité de l'axe Washington-Riyad. Il a affirmé au roi Abdallah que les intérêts stratégiques des deux pays restaient « alignés », notamment sur le dossier nucléaire iranien. Il n'acceptera pas, dit-il, un « mauvais accord » avec Téhéran, un sujet d'inquiétude majeur pour le royaume.