La machine diplomatique du Sahel s'est remise en marche avec l'intense activité qu'ont eue les ministres à Alger autour de deux questions cruciales : la sécurité et le développement. Après les réunions bilatérales entre le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et de la Coopération internationale et le MAE algérien, Ramtane Lamamra, ainsi qu'avec le ministre des Affaires étrangères burkinabé, Djibril Bassolé, une autre rencontre a été organisée hier avec les représentants de cinq pays, l'Algérie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, représenté par son ambassadeur à Alger. Le Tchad, qui est membre de ce regroupement sous-régional participe officiellement, pour la première fois, à ses réunions alors qu'on enregistre l'absence de la Mauritanie. Dans son allocution d'ouverture, M. Lamamra a souligné qu'il s'agit d'une réunion de consultation orientée vers l'action. Elle intervient dans un contexte particulier marqué par l'action de la communauté internationale, la réunion du Conseil de sécurité pour la prorogation de sa mission au Mali, le Minusma, et par rapport à l'action qu'elle développe à l'égard des défis de la région en matière de sécurité et de développement. Il a été, par ailleurs, question, dans l'entrevue entre M. Lamamra et Zahabi Ould Mohamed, ministre malien de la Réconciliation, de la médiation algérienne dans le processus de dialogue inter-maliens pour la réconciliation. D'ailleurs, l'hôte de l'Algérie a déclaré que son pays est attaché à ce rôle de l'Algérie tout en annonçant, pour les jours prochains, l'amorce de ce dialogue entre le gouvernement et les groupes armés maliens. Une chose est sûre : les deux pays ont la même volonté de faire aboutir la réconciliation entre les groupes armés du nord, MNLA, HCUA et MIA, qui ont accepté la trêve et demeurent dans des cantonnements en attendant de trouver une solution à la crise. Le premier gouvernement malien, après élection du président Ibrahim Boubacar Keita, n'a pas réussi à aplanir les divergences entre les représentants des rebelles du Nord et le reste des Maliens et a dû flancher sous la pression de ce dernier, considérant que les autorités ont fait beaucoup de concessions à ceux qui sont à l'origine de la crise. Bien avant, Bamako et les groupes armés ne sont pas parvenus à un accord après un long cycle de discussion à Ouagadougou sous l'égide de la Cédéao. À peine que des avancées sont enregistrées qu'elles sont torpillées. Malgré les déclarations de bonne volonté de part et d'autre, la réalité est dans ce constat d'échec dont les interlocuteurs se rejettent la responsabilité. Echec de Bamako, échec du Burkina Faso et échec, surtout, de la Cédéao qui a mis presque sous sa coupe le Mali et son gouvernement. Faut-il aussi ajouter à ce tableau le jeu trouble tenté par le Maroc qui, sous prétexte de contribuer à la solution, a choisi d'appuyer un seul groupe, le MNLA dont le roi Mohamed VI a reçu une délégation. Une incursion mal vue du côté d'Alger qui a saisi dans cette initiative royale une intention autre que celle d'aider à trouver une solution à la crise. Cela d'autant que le roi, lui-même, avait annoncé son intention d'intégrer l'espace sahélien auquel le Maroc n'appartient pas ou alors de créer un autre organisme sous régional pour la lutte contre le terrorisme. Finalement, les deux protagonistes se sont décidés à se retrouver à Alger, l'Algérie ayant déjà par le passé entrepris une œuvre identique avec les mêmes acteurs en 1990 et en 2006 mais dont les accords ont été violés ou pas respectés. Les deux camps se rejettent d'ailleurs mutuellement la responsabilité. Aujourd'hui, ils reviennent à la même table de négociation mais avec et dans des conditions autres. Et cette fois sous le regard des autres pays de la région et avec leur caution. Par ailleurs, la rencontre d'Alger devrait ébaucher les grandes lignes de la nouvelle stratégie concernant particulièrement la lutte contre le terrorisme dans la sous-région avec le renforcement des moyens des mécanismes mis en place à cet effet. Vient derrière l'autre défi, qui est intimement lié à la détérioration de la situation, le développement économique des régions avec des investissements ciblés précisément à leurs spécificités et leurs besoins. D. B. Nom Adresse email